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ils y restaient jusqu’à 25 ans et devenaient alors maitres-pépiniers, chargés de l’entretien des pépinières provinciales. Necker, en 1780, fut assez mal inspiré pour supprimer l’établissement sous prétexte d’économie : il y avait à la Rochette 111 829 arbres fruitiers, 25 360 arbres d’alignement, 64 215 arbres étrangers, 66 694 arbres divers, 25 420 arbres à fleurs, et 7 131 600 plants d’arbres forestiers et autres. La seconde tentative se produisit en 1827. Le secrétaire perpétuel de la Société royale d’horticulture, le chevalier Soulange-Bodin, eut l’idée de joindre à son établissement de Fromont (Seine-et-Oise) un institut où des jeunes gens recevraient des leçons théoriques et pratiques. Charles X l’agréa : l’Institut royal d’horticulture fut inauguré le 14 mai 1829, et tomba avec la Restauration.

En inaugurant, le 15 décembre 1895, dans la cour d’honneur de l’Ecole, un monument à la mémoire de Pierre Joigneaux, M. Viger, ministre de l’Agriculture, rendait un juste hommage à la mémoire de M. Hardy, premier directeur de l’Institut, et mettait en relief les services rendus, ceux qu’on a le droit d’attendre :

« Cette institution a fait ses preuves en permettant de donner à nos grands horticulteurs des collaborateurs capables et éclairés, en formant toute une pléiade de jardiniers instruits qui, soit dans le professorat, soit dans nos grands services municipaux, soit dans l’industrie horticole, font actuellement honneur à son enseignement... Non seulement le jardin (de l’École) attire de tous les points du globe des amateurs éclairés qui viennent y admirer de belles cultures, mais encore ses nombreux élèves vont à l’étranger diriger des jardins publics, professer l’horticulture, répandre, en un mot, sous la forme du progrès horticole, un peu de ce goût dans la plus charmante des cultures, qui fait partie du patrimoine artistique de notre France... »

Je doute toutefois que les lauréats de l’École d’horticulture égalent avant longtemps ce jardinier de Meissonier, au sujet duquel on m’a raconté le trait suivant.

Meissonier avait un jardinier, doué d’une mémoire merveilleuse, qui connaissait le nom de toutes les graines et de toutes les plantes. Impossible de le prendre en défaut ; son maître avait cependant parié avec Emile Augier qu’il y parviendrait. Un jour, il le fait appeler, et montrant un papier bleu qui contenait des œufs de hareng séché : « Connaissez-vous ces graines ? interroge-t-il. Après mûr examen, le jardinier prononce : Oui, ce sont