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dans nos parcs : érable blanc, rouge ou jaspé, peuplier argentea, balsamifera, canadensis, genévrier de Virginie, pavia aux grappes rouges, le weigelia aux superbes guirlandes roses, et le précoce forsythia dont les gracieuses clochettes semblent sonner les charmes du printemps,

La Nouvelle-Hollande devint aussi fournisseur de l’Europe méridionale, avec les cactées, l’eucalyptus, etc. Grâce au perfectionnement des moyens de transport, aux nouveaux systèmes de chauffage des serres, nous jouissons à domicile de la végétation des tropiques : palmiers, aroïdées, mélastomacées, fougères arborescentes, bananiers, bégonias, orchidées, poussent aussi bien dans nos palais vitrés que dans leurs pays d’origine.

Il faut signaler encore, parmi les principaux auxiliaires du progrès horticole, l’hybridation, le forçage des fleurs. L’hybridation, la fécondation artificielle est une science toute moderne, du moins dans ses applications à la floriculture, car, depuis des siècles, les Arabes l’utilisent pour la culture des dattiers ; ils introduisent l’inflorescence mâle dans les spathes des fleurs femelles, à l’époque de la floraison, imitant à leur tour les abeilles, bourdons et autres hyménoptères qui, tout en butinant dans les calices des fleurs, transportent de l’une à l’autre le pollen attaché aux poils dont leur corps est couvert. La rose sauvage, la rose des Alpes, la rose de Provins, la rose à cent feuilles, voilà, ou peu s’en faut, tout ce que connurent les anciens et les hommes du moyen âge, car il est établi maintenant que ceux-ci ont cultivé la rose : on la trouve dans le jardin de la femme de Childebert ; Charlemagne la recommandait pour ses métairies ; Hildegarde énumère ses propriétés ; Albert le Grand et Barthélémy la décrivent avec soin. Au XVIIIe siècle, apparaissent le rosier du Bengale, (1771), le rosier-thé. Et les croisemens commencent, et maintenant la nomenclature des hybrides remplirait presque un volume, car il existe, assure-t-on, plus de 6 000 sortes de roses, et chaque nouvelle espèce se répand assez vite, grâce au bouturage et à l’écussonnage. De prétendre que telle ou telle découverte, autour de laquelle on mène grand bruit, soit vraiment une découverte, que tous ces Christophes Colombs et ces Américs Vespuces ne nous servent pas quelquefois du vieux-neuf, cette assertion serait sans doute téméraire : je jurerais, mais je ne parierais pas, comme disait un homme politique.

Ce qui est certain, ce qu’il faut admirer ici, c’est la vogue durable