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que le patronage officiel y reste à peu près inconnu, l’émulation passionnée des amateurs et des professionnels a réalisé des merveilles. C’est le pays des plantes à grand effet, à large développement, des variétés rares, du style paysager dans les parcs, des serres monumentales où l’on peut se promener en voiture. Fondée en 1804 et la plus ancienne de l’Europe, la Société royale d’horticulture, composée de plus de 3 000 membres, a ses jardins d’études et d’expériences à Chiswick, patronne des explorateurs, décerne des médailles, publie force rapports, partage boutures et graines entre les sociétaires, organise des expositions de quinzaine, de grands concours un peu partout : une soixantaine de sociétés se trouvent affiliées avec elle. Sur 2 000 sociétés et plus, reconnues, ayant une organisation autonome, un certain nombre se borne chaque année à un concours spécial : roses, œillets, chrysanthèmes, auricules, pélargoniums, lis, dahlias, cinéraires, jacinthes, tulipes, légumes et primeurs, même les fraises et les groseilles ; d’autres ont pour objectifs les jardins de la classe ouvrière, ou bien encore le marché aux fleurs, les bouquets, les corbeilles de salon et de table, l’ornementation fleurie des balcons, celle des fenêtres et mansardes dans les quartiers populeux, le décor des magasins, des cimetières ; d’autres assurent des retraites aux jardiniers âgés. Il y a aussi un Horticultural Club, où les membres viennent causer de leurs affaires, où se donnent chaque mois des lectures. Sous le titre de conférences, on a institué dans les communes rurales des cours ambulans : la question mise à l’ordre du jour devient l’objet de causeries-concours, avec exhibitions des produits indiqués. Beaucoup d’horticulteurs se cantonnent dans une spécialité : fournir l’article en vogue, celui qui peut s’expédier par wagon, voire par bateau, simplifier les frais généraux, soutenir plus facilement la concurrence, voilà le but, le résultat de cette révolution que d’aucuns approuvent au point de vue commercial, et déplorent au point de vue scientifique. Les établissemens qui ne travaillent pas pour la masse, le peuple, the million, sont irréprochables de tenue ; ils ont perfectionné certaines inflorescences par la sélection ou le semis : quelques-uns occupent des surfaces considérables, tel celui de la famille Veith à Chelsea ; 30 hectares, 110 grandes serres, un certain nombre de serres affectées aux orchidées et aux fougères ; les rhododendrons javanais, les lis, les amaryllis, les araucarias ont chacun leur serre. Toutes les colonies anglaises ont leurs jardins botaniques