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jardins botaniques d’Adélaïde, de Hawkesbury, les inflorescences en pleine terre des orchidées, figuiers verts, cocotiers, gardenias, leur sève luxuriante, Adélaïde a aussi un Musée de Botanique, un Collège d’Agriculture ; la Ferme expérimentale de Rosewarthy, fondée par l’Etat, aux portes de la ville, en 1879, opère sur un terrain de vingt mille hectares. Le jardin botanique, le musée, fournissent au cultivateur des plants et des semences, les municipalités s’approvisionnent gratuitement d’arbustes et de fleurs pour la décoration des parcs et des jardins urbains. A Sydney, les parcs et jardins publics abondent : Jardin botanique 15 hectares, Centenial Park 300 hectares, Moore Park 200 hectares, puis : Victoria Park, Outer Domain, Balmore Park, Prince Alfred Park, Wentworth Park, Observatory Reserve. La Nouvelle-Zélande, Queensland, la Tasmanie, ont aussi leurs instituts horticoles.

Les Japonais, qui adorent les fleurs, n’ont guère de jardins publics ; en revanche, les anciens parcs des daïmios, les résidences des riches marchands, quelques maisons de thé, sont entourés de parcs disposés avec goût. Point de grandes lignes droites, de vastes percées, rien du style régulier, géométrique, cher à Le Nôtre et à ses adeptes ; le jardin japonais se rapproche plutôt du jardin anglais, la fantaisie, le caprice y règnent en souverains, c’est un boudoir de verdure et de fleurs, avec des lacs lilliputiens, des édicules, des kiosques, des tertres ; on erre à l’aventure, on croit toujours qu’on va s’égarer, on est tenté d’invoquer une Ariane moins mythologique que celle de Thésée ! En fait le jardin japonais est un succédané du jardin chinois, qui est lui-même le prototype du jardin anglais. Les anciens ne connaissaient guère que le jardin à allées droites, à portiques, à terrasses monumentales, dont le genre est conservé dans les villas cardinalices. Néron eut la première idée d’un véritable jardin à l’anglaise, qu’il plaça au milieu de Rome ; le parc de la Maison Dorée était un véritable parc anglais, tel aussi le parc de la Villa Hadriana à Tibur. Dans presque tous ceux du Japon, un des bords de la pièce d’eau se relève en un talus rapide, couvert, du haut en bas, d’azalées rouges, blanches, rousses. S’il consulte le génie du lieu, s’il ne contrarie pas la nature, l’horticulteur japonais la contrefait et la travestit souvent : ce sont de tels entassemens d’arbres, de chrysanthèmes, de glaïeuls, qu’ils ont l’air d’étouffer, de manquer d’air et de lumière, qu’on croit voir non plus un jardin, mais un musée de verdure : l’abus des surprises,