Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/899

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ah ! songez que du temps ils sont le long ouvrage,
Que tout votre or ne peut racheter leur ombrage

[1] !


Il y a six ans, on évaluait à 130 millions la valeur des plantes et fleurs coupées aux États-Unis, 70 millions les orangers et fruits demi-tropicaux, 20 millions les plants d’arbres fruitiers ou d’agrément, 1 500 millions les fruits, etc. : la somme totale des produits de l’horticulture doit aujourd’hui dépasser trois milliards. Le progrès du goût, parmi les ouvriers aisés, employés, commerçans et bourgeois, entraîne une demande de plus en plus considérable de plantes en pots, fleurs coupées et plants pour petits jardins. De l’utilité de l’inutile : quel joli livre on pourrait écrire là-dessus, pour prouver que le culte de l’inutile, l’amour de la poésie, du théâtre, de l’art, des fleurs, de la nature, des voyages, sont les interprètes et les gages de la civilisation !

Les cimetières américains se distinguent par leur décoration florale : plus d’un nabab paie à certains jardiniers des abonnemens de 4, 5, 10 000 dollars pour l’entretien des corbeilles du tombeau familial. Quelques cimetières forment des espèces de parcs : tel, Spring Grove, près de Cincinnati, qui, avec ses lacs tranquilles, ses larges pelouses, ses grands arbres, garde le caractère de recueillement convenant à un champ de repos.

L’Australie, qui depuis longtemps nous envoyait sa flore, met à profit l’interversion des saisons, expédie des fruits, des légumes à la vieille Europe ; en dix ans, la surface de ses jardins et vergers a doublé, des écoles se créent, des sociétés se fondent, des syndicats s’organisent. Melbourne, Sydney, ont ouvert avec succès une Exposition universelle, le touriste admire les merveilleux

  1. Rapport de M. Maurice de Vilmorin sur l’Horticulture aux États-Unis. — Charles Baltet : l’Horticulture dans les cinq parties du monde ; l’Horticulture française, ses progrès et ses conquêtes depuis 1789 : dans ce grand travail, l’auteur donne la liste des principaux ouvrages pour chaque pays. — Edouard André : l’Art des Jardins, in-4o, Masson, 1879. — Hugues Le Roux : les Fleurs à Paris. — A. Mangin : Histoire des Jardins. 1887. — Philippe L. de Vilmorin : les Fleurs à Paris, culture et commerce, 1892. — Nanot et Deloncle : l’École d’Horticulture de Versailles, 1897. — Revue Horticole, Revue d’horticulture belge et étrangère, Journal de la Société nationale d’horticulture de France. — Prince de Ligne : Coup d’œil sur les jardins, Coup d’œil sur Bel-Œil. — Robert Sulzberger : les Orchidées. — Sir John Lubbock : la Vie des plantes. — Marquis de Cherville : la Vie à la Campagne. — Maumené : l’Art floral à travers les siècles. — Jean Lahor : Une société à créer pour la protection des Paysages français, 1901. — Viviand-Morel : l’Art d’obtenir des variétés nouvelles en horticulture. — Rapports au Congrès d’horticulture de l’Exposition internationale de 1900. — H. Rimmel : le Livre des Parfums. — E. Roux : les Parfums, etc.