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REVUE DES DEUX MONDES.


Tien-Sin, 22th July.

« Your Letter of the 4th. 24 000 troops landed; 19 000 are here, The Russians are at Pei-tsang. Plenty of troops on the way. If you can keep in food. General Gazelee expected Takou tomorrow. Almost of the ladies left Tien-Sin.

« Cables. »

Je crois que jamais dépêche ne fut plus discutée ni interprétée de plus de manières. Le on the way surtout nous laissait perplexes. Sur le chemin de quoi ? de la Chine ? de Tien-tsin ? de Pékin ? — If you can Keep in food… Parfait ! Mais combien de temps ? huit jours ? quinze ? un mois ? — Les Russes qui occupent Peï-tsang (à 6 kilomètres de Tien-tsin !), et les 19 000 hommes qui sont à Tien-tsin sont-ils compris dans les 24 000 landed ? — Autant de points d’interrogation devant les lecteurs de ce document ! Il leur est cependant très agréable de savoir que les ladies ont été se mettre à l’abri ; mais tout cela ne nous dit pas quand nous pourrons faire comme elles.

Un missionnaire danois, M. Noestegaard, quitte les barricades anglaises et va se constituer prisonnier des Chinois. On le croit perdu et on se demande ce qui a pu le pousser à cet acte de folie.

Du côté du Pé-t’ang, la canonnade augmente.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

30 juillet. — L’espion fait arriver la colonne de renfort à Tchang-Kia-Wan. Le colonel Shiba, interrogé sur cette marche des troupes, pense que les renseignemens doivent être exacts. La route suivie est celle que devrait suivre effectivement, d’après les travaux de l’état-major japonais, un corps d’armée en marche sur Pékin. Les étapes annoncées par le soldat de Tong-Fou-Siang sont bien également celles prévues ; enfin les rencontres avec les troupes chinoises, aux points indiqués, sont encore des faits, sinon exacts, du moins très vraisemblables. Comme il est inadmissible qu’un coolie fasse manœuvrer un corps d’armée avec une telle précision, il faut admettre qu’il n’invente rien et qu’il ne nous raconte que la vérité. Il faut en conclure aussi que demain, ou dans quarante-huit heures au maximum, les canons enfonceront les portes de la ville. Les précieux renseignemens qu’il nous fournit lui sont d’ailleurs généreusement payés.