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reconnaître que, dans ce document dont je me suis efforcé de respecter la traduction donnée par un missionnaire, il y a beaucoup de grandes vérités à côté de quelques exagérations.

Il est bon de citer en même temps un Édit Impérial publié dans la même Gazette, quatre jours avant, cest-à-dire le 17 juin :

« Dernièrement le peuple et les chrétiens ont trouvé moyen de se quereller, et, des deux côtés, ont eu lieu des échanges de mauvaises paroles. Des vagabonds ont pris, de là, occasion de piller et d’incendier les maisons. Tous les ministres étrangers doivent être efficacement protégés. Nous ordonnons à Jong-Lou d’envoyer ses propres soldats une fois pour toutes, et d’user énergiquement de son autorité et de son pouvoir pour protéger ces ministres. Qu’en cela on ne manque nullement d’attention. Si les ministres étrangers et leur famille désirent aller pour quelque temps à Tien-tsin, il faut leur assurer protection ; mais, actuellement, le chemin de fer ne marche plus, et, s’ils sont en voiture, le voyage sera pénible et il est à craindre qu’on ne soit pas à même de leur assurer une protection parfaite. Ils feraient mieux donc de rester encore ici quelque temps en paix et d’attendre que la voie soit réparée ; alors ils agiraient selon qu’ils trouveraient expédient.

« Respect à ceci. »

17 juillet. — L’ordre de cesser le feu est donné aux troupes chinoises !

Immédiatement, nous donnons le même ordre aux marins et aux volontaires.

Calme.

Les ennemis quittent leurs retranchemens, et viennent causer aux barricades avec nos interprètes. Nous recommandons de ne laisser approcher les Chinois que par petits groupes, et de s’assurer qu’ils ne portent aucune arme. Ils tendent la main à ceux qui veulent bien la prendre, et nous racontent qu’ils ne savent pas du tout pourquoi ils nous font la guerre, et que cela ne les amuse pas du tout, de tirer sur nous. Ils avouent qu’on leur a donné 5 taëls le 12 juin pour un mois de solde ; mais que, depuis, ils n’ont rien reçu. Cette absence du nerf de la guerre explique suffisamment leurs intentions pacifiques.

Winterhalder, Pelliot et moi, nous nous avançons dans le parc, jusqu’auprès des appartemens de M. Pichon, ou plutôt des ruines de ces appartemens transformées en barricades. Tous les