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LA DÉFENSE DE LA LÉGATION DE FRANCE.

Décret impérial du 21 juin. — « Depuis la création de la dynastie, les Européens venus en Chine ont toujours été traités avec bonté. Sous les règnes de Tao-Koang et de Sien-Foung, il leur fut permis de faire du commerce ; ils demandèrent même de propager leur religion, requête que le Trône leur accorda « volontiers. » Tout d’abord, ils se soumettaient facilement au « contrôle » chinois ; mais, pendant ces vingt dernières années, ils ont profité de notre tolérance pour empiéter sur notre territoire, pour oppresser le peuple chinois et exploiter les richesses de la Chine.

« Chaque concession, faite par nous, a augmenté la violence de leur cupidité ; ils ont oppressé les citoyens paisibles, ils ont insulté les dieux et les saints, excitant parmi le peuple la plus brûlante indignation ; de là, les incendies des chapelles et le massacre des chrétiens par les braves patriotes.

« Le Trône, soucieux d’éviter la guerre, ordonna de protéger les Légations et d’avoir pitié des chrétiens. Il déclara que les chrétiens et les Boxeurs étaient également enfans de l’État, dans l’espoir de faire disparaître les anciennes antipathies entre le peuple et les convertis, et une extrême bonté leur a toujours été montrée de notre part. Mais ces peuples n’ont fait preuve d’aucune gratitude. Une dépêche nous fut envoyée hier par M. du Chaylard, nous demandant de remettre les forts de Takou entre leurs mains, ou qu’autrement ils les prendraient par la force. Ceci ne montre-t-il pas leurs intentions oppressives ? Dans toutes les matières relatives aux rapports internationaux, nous n’avons jamais manqué de courtoisie envers eux, et, tout en se donnant le titre d’États civilisés, sans égard au droit, ils s’appuient entièrement sur leurs forces militaires. Aussi, avec larmes, nous avons annoncé la guerre sur l’autel des ancêtres ; mieux vaut faire notre possible et entrer dans la lutte que de chercher des moyens de nous en préserver en attirant sur nous une éternelle disgrâce. Tous nos officiers sont animés du même esprit, et tous ont assemblé, sans même en avoir été avertis, des centaines de milliers de soldats patriotes (Yi-Ping) (Boxeurs), et même des enfans portant des lances pour le service du pays. Les étrangers s’appuient sur des moyens perfides ; notre espoir à nous est dans la justice céleste. Ils usent de violence et nous d’humanité. »

Le décret conclut en promettant de fortes récompenses à ceux qui se distingueront dans les combats. Nous sommes forcés de