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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mai.


Nos prévisions se sont réalisées en ce qui concerne la grève générale : il y a quinze jours, nous disions que le referendum du 28 avril ne serait pas considéré comme une épreuve concluante, et il ne l’a pas été, en effet. Si on avait cru y trouver un moyen de mettre fin à la grève de Montceau-les-Mines, on s’était trompé. La situation restait la même à Montceau, sans raison apparente pour qu’elle ne se prolongeât pas encore longtemps. Il y en avait une toutefois, c’est que les grévistes étaient à bout de ressources. Leur marmite en plein air, qui avait eu tant de succès au commencement de la grève, commençait à tarir : à la gaité et à la confiance des premiers jours avaient succédé la préoccupation et la tristesse. Le découragement était complet, et le dénouement se serait produit plus tôt, si le mirage de la grève générale n’avait pas entretenu dans les esprits un reste d’illusion. Il fallait voir ce qui sortirait du referendum. Le résultat en est maintenant connu. C’est la première fois qu’on avait recours à ce procédé. L’expérience était donc curieuse en elle-même : elle mérite d’être examinée de près.

D’après les chiffres que la Fédération des ouvriers, dont le siège est à Saint-Étienne, a communiqués au public, il y a en France 162 000 mineurs : c’est donc à 162 000 personnes qu’on a posé la question de savoir s’il y avait lieu de proclamer la grève générale pour soutenir, par esprit de solidarité, les revendications particulières des Montcelliens. Combien ont-elles pris part au scrutin ? Environ 50 000 : d’où il faut conclure que, pour des motifs divers, 112 000 se sont abstenues. Nous donnons des chiffres d’ensemble, en négligeant les petits groupes d’unités. Un aussi grand nombre d’abstentions devait enlever d’avance toute autorité au verdict qui serait rendu. Incontestablement les ouvriers,