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dessein la méthode très efficace, mais un peu naïve, consistant à abriter les végétaux sous des vitres, sous un réseau de fil de fer. Le dernier procédé, celui de l’artillerie, est trop important pour ne pas faire objet d’une étude spéciale qui terminera notre travail. Quoique les deux autres n’aient aucun rapport entre eux, ni dans leur objet, ni dans leurs principes, nous les associerons, parlant d’abord fort brièvement des poteaux défenseurs, plus longuement du mécanisme des assurances.

Jusqu’à ces derniers temps, on croyait à n’en pouvoir douter que la grêle était surtout un météore d’origine électrique. Alors, pourquoi ne pas employer contre cette ennemie la même arme qu’à l’égard des coups de foudre ? On pensa donc à installer en plein champ des paratonnerres économiques, des poteaux qui, soutirant l’électricité des nuages, devaient par cela même préserver de la grêle ou du moins l’envoyer chez le voisin. Nous nous rappelons avoir contemplé, il y a plus de vingt ans, la vaste plaine de Muret, au sud de Toulouse, dans une région assez sujette à la grêle, absolument hérissée de « bigues » en bois supportant chacune un fil de fer, destinées à préserver les cultures. Le remède fut reconnu inefficace, sinon nuisible, car, peu d’années après, il ne restait plus un poteau debout.

Alors, dira-t-on aux agriculteurs, résignez-vous, laissez tomber la grêle sur vos terres, puisque vous ne pouvez l’empêcher, et assurez-vous. Choisissez au mieux de vos intérêts entre les « assurances à prime fixe »[1] et les « mutuelles, » qui elles-mêmes se divisent en deux catégories.

Fournissons, à ce propos, quelques détails empruntés aux règlemens d’une de nos principales Compagnies d’assurances à primes fixes. Nous constatons d’abord que les récoltes qu’il s’agit d’assurer se divisent en cinq classes. La première comprend notamment les blés, les maïs, les pommes de terre, sainfoins, trèfles, luzernes. La seconde embrasse les seigles, avoines, orges. La troisième se compose de sarrasins, colzas, chanvres, et, en général, des plantes légumineuses cultivées pour graines, La quatrième classe englobe la vigne et le houblon, auxquels s’adjoignent chardon et safran. Le tabac figure tout seul dans la cinquième classe.

La prime annuelle que l’assuré aura à payer pour 100 francs

  1. On n’ignore pas que le capital de ces Compagnies est fourni par des actionnaires auxquels on sert un dividende.