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en démocratie. C’est, en second lieu, et à cause même de cette extrême difficulté, qu’il est très difficile aussi d’en recruter le personnel dans des conditions de capacité suffisantes ; et plus difficile encore en démocratie, avec le suffrage universel, et sous le régime parlementaire, où ce personnel est nécessairement beaucoup plus nombreux.

Mais il y a peut-être des conclusions à tirer de cette conclusion même : et c’est d’abord, de ce que la politique est plus difficile sous le régime parlementaire que sous un autre, qu’il faut sinon abandonner, — que mettrait-on à la place ? — du moins limiter le parlementarisme ; c’est ensuite, de ce que le personnel est présentement trop nombreux, et pour cette raison, qui. du reste, n’est pas la seule, très difficile à recruter convenablement, qu’il faut à la fois diminuer ce personnel et le mieux choisir. Les Chambres font aisément de mauvaise politique, et malaisément de bonne : qu’elles fassent donc moins de politique : mais elles n’en feront moins que si on les y oblige, et on ne les y obligera qu’en réduisant leurs attributions, en les y enfermant, en les empêchant d’en sortir. Le personnel parlementaire pousse spontanément médiocre : qu’on en élève donc la qualité ; mais on ne l’élèvera que si, trop touffu, on l’éclaircit et si, trop mélangé, on y opère une sélection. Cela est sûr, et ce qui ne l’est pas moins, c’est que le parlementarisme ne se limitera pas de lui-même, ni que de lui-même le personnel parlementaire ne se sélectionnera pas, parce que, livré à lui-même, le parlementarisme est trop individualiste, trop égoïste, et que, laissé tel qu’il est, le suffrage universel est trop inorganique et trop anarchique.

Pour limiter le parlementarisme, il faut donc rétablir l’équilibre rompu des fonctions ou des pouvoirs ; pour améliorer le personnel, il faudra aller droit aux sources et organiser le suffrage universel. Mais, comme l’équilibre des pouvoirs ne saurait être rétabli qu’en tenant en un parfait et constant rapport le droit et le fait, le fait et le droit, et que l’organisation du suffrage universel ne peut trouver que dans la vie ses cadres naturels, réformer ainsi et ainsi transformer, construire ainsi l’Etat moderne, ce serait de plus en plus s’éloigner de la politique romantique, de plus en plus se rapprocher du réalisme politique. — Et ici se rejoignent les conclusions de M. Siliprandi, de M. Vidari, de M. le duc de Gualtieri, de M. Milesi, et celles que nous avons nous-même antérieurement posées : « Que le Prince, écrit l’un