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POÉSIE



I


Ton cœur est fatigué des voyages ? Tu cherches
Pour asile un toit bas et de chaume couvert,
Un verger frais baigné d’un crépuscule vert
Où du linge gonflé de vent pende à des perches ?

Alors ne va pas plus avant : voici l’enclos.
Cette porte d’osier qui repousse des feuilles,
Ouvre-la, s’il est vrai, poète, que tu veuilles
Connaître, après l’amer chemin, le doux repos.

Arrête-toi devant l’étable obscure. Écoute.
L’agneau bêle, le bœuf mugit et l’âne brait.
Approche du cellier humide où, bruit secret,
Le laitage à travers les éclisses s’égoutte.

C’est le soir. La maison rêve, regarde-la ;
Vois le feu qu’on y fait à l’heure accoutumée
Se trahir dans l’azur par une humble fumée.
Mais tu cherchais la paix de l’âme ? Entre. Elle est là.


II


Mars. Un oiseau, fauvette ou grive, je ne sais.
Chante amoureusement dans les feuilles nouvelles,
Et, transi de rosée encor, sèche ses ailes
Au soleil dans le jeune azur et le vent frais.