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qu’il dispose, car, s’il en disposait véritablement, il serait bien coupable de n’en avoir pas déjà usé ; il fallait ensuite consulter tous les mineurs de France. M. Basly était de ceux qui ne se reconnaissaient pas le droit de se substituer à eux en pareille occurrence ; d’après lui, le congrès n’avait ni mandat ni pouvoir pour engager la totalité des ouvriers. On est passé au vote, et, par un miracle que nous n’aurions pas osé espérer, les propositions de M. Basly ont été adoptées à l’unanimité. Cela prouve qu’au fond de l’âme, les délégués qui paraissaient le plus intransigeans n’étaient pas bien sûrs de l’efficacité de cette grève générale dont ils essayaient d’épouvanter la classe capitaliste, le gouvernement et les Chambres, mais qui ne laissait pas de les effrayer eux-mêmes, comme une arme également dangereuse pour tous.

Il faut préciser davantage les résolutions du congrès. Elles se rapportent à deux objets différens, d’abord à la grève de Montceau, ensuite aux revendications générales des mineurs. Pour résoudre les deux questions, le procédé employé est le même, mais les délais d’exécution sont différens. Sur le premier point, grève de Montceau, quinze jours ont été accordés au gouvernement pour trouver une solution qui, bien entendu, devait donner aux ouvriers pleine satisfaction. La date extrême a été fixée au 28 avril : si, à ce moment, le but n’était pas atteint, la grève générale serait, faut-il dire proclamée ipso facto ? non ; on se contenterait de la mettre aux voix. Pour la première fois, tous les ouvriers seraient consultés sous la forme d’un référendum, et c’est seulement dans le cas où leur vote serait favorable à la grève générale qu’on risquerait la terrible aventure. Sur le second point, revendications générales des mineurs, ce n’est pas quinze jours, mais six mois qu’on a donnés au gouvernement pour réaliser les réformes exigées par le prolétariat. Il fallait, en effet, aller devant les Chambres et y soutenir des discussions que le ministère, quelle que fût sa bonne volonté, n’était pas libre d’écouter. Il s’agissait, comme toujours, de la journée de huit heures, de la fixation d’un minimum de salaires, d’une retraite de 2 francs par jour assurée à tous les travailleurs après vingt-cinq ans de travail, etc. L’échéance du délai auquel le congrès a bien voulu consentir était le 14 octobre. Si, à cette date, toutes ces réformes ne sont pas faites, qu’arrivera-t-il ? La grève générale sera-t-elle proclamée de droit ? Pas plus cette fois que l’autre. Il faudra un nouveau référendum et tous les ouvriers mineurs seront appelés à donner leur avis. Dans les deux cas, l’opération aura lieu suivant une procédure qui n’a pas été bien nettement établie ; mais le scrutin sera secret.