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LES FUMÉES ET LES GAZ DE L’ATMOSPHÈRE.

d’oxyde de cuivre chauffée au rouge, et l’on constate la formation d’acide carbonique et d’eau. C’est la preuve que l’oxygène du cuivre a brûlé du carbone et de l’hydrogène. Les proportions des deux gaz, déduites de l’opération, se rapprochent de celles du gaz des marais : mais l’hydrogène est surabondant. Et comme, d’autre part, il n’y a point d’hydrocarbure plus riche en hydrogène que le gaz des marais, cet excès d’hydrogène témoigne que le gaz existait en partie, à l’état libre.

L’épreuve avait été faite au milieu des bois, en plein mois de juillet, au moment où la sécheresse du sol excluait la possibilité de toute fermentation capable d’altérer la composition de l’air et d’y introduire cet hydrogène que l’analyse venait de révéler. Elle fut répétée en montagne. L’air recueilli au-dessus du sol rocheux et stérile de l’un des plateaux du Canigou, à 2 200 mètres d’altitude, fournit un résultat analogue, mais encore plus clair. On ne trouva, cette fois, qu’une quantité insignifiante de carbone et par conséquent d’hydrocarbures ; il y avait, en revanche, un notable excédent d’hydrogène libre.

Une dernière épreuve restait à exécuter. Il fallait analyser, loin de toute végétation, l’air marin soufflant de l’Océan. L’expérience eut lieu au phare des Roches-Douvres, sur un écueil granitique et stérile, situé au nord de Paimpol sur la côte bretonne, à 40 kilomètres en mer. Le résultat fut concluant : l’air contenait à peine des traces de carbone, et, en revanche, de l’hydrogène à peu près pur. Cent litres d’air en fournirent 19cc,45. C’est une quantité qui équivaut, à peu près, aux deux tiers de l’acide carbonique.

L’hydrogène serait donc bien l’un des constituans normaux de l’air atmosphérique : élément universel, permanent, ne subissant de changemens que par rapport à ses proportions. Et encore ces variations sont-elles faibles.

Quant à l’origine de cet élément nouveau de l’atmosphère, M. A. Gautier pense qu’il provient des réactions souterraines. L’hydrogène se dégage souvent du sol en même temps que le gaz des marais. Dans les fumerolles des volcans d’Islande, Bunsen l’a signalé, au taux de 25 pour 100. M. Fouqué l’a trouvé inclus dans les laves de Santorin, et dans la plupart des roches primitives, avec l’acide carbonique, l’oxyde de carbone, le gaz des marais et l’azote.