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Lavoisier, en effet, a fixé cette composition : il considéra l’air atmosphérique comme formé d’un mélange de cinq sixièmes d’azote avec un sixième d’oxygène. Les déterminations les plus récentes de M. Leduc, en 1896, ont peu modifié ces chiffres : en volumes, la quantité d’azote est de 78,06 et celle de l’oxygène de 21,00. Voilà le peu de changemens qu’un siècle de mesures précises a apportés à la composition de l’air atmosphérique, quant à ses constituans fondamentaux.

Mais, à côté de ces élémens principaux, il y en a d’accessoires, de surajoutés, en quelque sorte. Ceux-là n’existent qu’en quantités minimes et variables, selon les lieux et les temps : ils ne participent point à la fixité de proportions de l’oxygène et de l’azote. L’existence de quelques-uns n’est pas même constante et universelle. Et cette observation permet de diviser ces constituans secondaires en deux classes : les élémens permanens qui se rencontrent toujours et partout et dont la proportion seule varie, tels la vapeur d’eau, l’acide carbonique, l’ozone et l’ammoniaque ; en second lieu, les produits accidentels dont la présence, comme les proportions, dépendent des contingences extérieures, tels l’oxyde de carbone, le formène, l’hydrogène sulfuré, les hydrocarbures, l’iode, etc. Et l’on voit assez, d’après cela, que toutes ces substances surajoutées ne peuvent tirer leur origine que des phénomènes qui s’accomplissent à la surface ou dans la profondeur du sol et des eaux. Elles aboutissent à l’atmosphère comme au déversoir commun de tous les gaz et de toutes les vapeurs mises en liberté.

Ce n’est pas le lieu ici de s’appesantir sur le principe même de cette classification des élémens que l’on rencontre dans l’atmosphère, les uns fixes quant à leurs proportions, les autres variables. Le principe même de la fixité des proportions d’oxygène et d’azote a été discutée. Contestée par Priestley, établie par Cavendish en 1781, l’invariabilité des proportions des deux gaz principaux a été mise hors de doute par les milliers d’analyses concordantes exécutées par Gay-Lussac, Humboldt, Brünner, Frankland, Dumas, Boussingault, Bunsen, Regnault et Reiset, sur l’air des plaines, des montagnes, de la haute mer et des zones littorales. On a été plus loin : en examinant les causes d’augmentation et les causes de diminution de l’oxygène et de l’azote, on a cru établir quelles se compensaient exactement[1].

  1. Voyez la Revue du 1er septembre 1898.