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économique. Mais, avant que le premier réseau soit terminé et que d’autres lignes s’y ajoutent, des années s’écouleront. D’autre part, il est nécessaire de trouver des ressources immédiates pour le budget ; ce qui ne saurait se faire que de deux façons, en empêchant les impôts qui lui sont destinés d’être pour la plus grande partie dilapidés avant d’arriver au Trésor, et en obtenant des ressources nouvelles. A cet effet, on a suggéré l’idée de remplacer les droits à l’importation de 5 pour 100 ad valorem par des droits spécifiques, ou bien de doubler les droits spécifiques qui existent ; de supprimer les likin et d’en percevoir l’équivalent au moyen d’une surtaxe douanière à l’entrée, généralisant ainsi ce qui se pratique déjà dans un certain nombre de cas ; d’augmenter la taxe sur l’opium importé et aussi sur l’opium cultivé en Chine sous le contrôle des autorités. La faculté donnée aux produits manufacturés en Chine de circuler librement dans l’empire et la suppression des octrois intérieurs qui grèvent les matières premières, telles que le coton, avant leur arrivée aux usines, seraient des mesures d’une portée considérable pour l’industrie indigène. Celle-ci en a d’ailleurs besoin : en dépit du bon marché de la main-d’œuvre, qui ne revient guère à plus de 60 centimes par journée de onze à douze heures, les filatures de Shanghaï perdent de l’argent depuis trois ans, et leurs actions se déprécient dans une très forte proportion.

D’autre part, on a dit avec beaucoup de raison, — et le rapport de la mission envoyée par la Chambre de commerce de Blackburn en 1896 le signalait déjà, — qu’il serait dangereux de consentir au relèvement des droits à l’importation dans les ports maritimes, sous prétexte de supprimer les douanes intérieures, si on ne prenait pas en môme temps des mesures pour fournir aux autorités provinciales les ressources qui leur sont nécessaires. On aurait beau signer des conventions avec le gouvernement central : s’il n’était pas, du même coup, pourvu aux besoins des budgets locaux, les stipulations de libre transit pour les marchandises à l’intérieur du pays resteraient lettre morte.

On a proposé de régulariser les concessions minières distribuées au hasard par les mandarins ; de les rendre à la fois plus sûres, moins onéreuses pour les étrangers qui les sollicitent et plus fructueuses pour le Trésor. L’impôt sur le sel est un de ceux qui pourraient, sans grand effort, donner un rendement au