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en usage contre les maladies aiguës. Ses efforts ont échoué devant l’incapacité, chez les malades et leur entourage, de comprendre et de mettre en pratique les instructions nécessairement compliquées que comporte une désinfection sérieuse.

Aussi les cas de contagion familiale sont-ils fréquens, et il est peu de médecins qui n’aient en la tristesse d’assister, spectateurs impuissans, à quelqu’une de ces tragédies domestiques dans lesquelles on voit une femme, une fille, jusqu’alors bien portantes, contracter la maladie à leur tour et mourir des soins qu’elles ont donnés jusqu’au bout à un être cher, partageant sa chambre et quelquefois. son lit.

Impossibilité de soigner convenablement les tuberculeux pauvres soit chez eux, soit à l’hôpital, impossibilité non moins absolue de tarir les sources innombrables de la contagion bacillaire, telles sont les conclusions désolantes auxquelles nous amène l’examen impartial de la situation actuelle à Paris.

N’y a-t-il donc rien à faire, et l’insuccès jusqu’ici constant des efforts tentés pour découvrir soit le vaccin, soit l’antidote de la tuberculose implique-t-il la nécessité de renoncer à guérir le hideux ulcère qui s’étend de plus en plus sur la grande ville, comme sur le pays tout entier, menaçant les riches autant que les pauvres ? Il n’en est rien. Les principes de la cure physiologique de la tuberculose sont établis depuis plus de quarante ans, et l’exemple des gens aisés qui consentent à se traiter dès le début du mal et à se traiter d’une façon rationnelle suffit à démontrer que la tuberculose, loin d’offrir le caractère de fatalité qu’on serait tenté de lui attribuer, est de toutes les maladies chroniques la plus curable peut-être.

L’homme sain, nous l’avons vu, résiste à la contagion tuberculeuse, du moins quand celle-ci n’est ni excessive ni trop fréquemment réitérée ; s’il finit par être atteint, c’est parce que sa résistance a faibli, parce que les ressources de la défense sont devenues inférieures à celles de l’attaque. Voilà ce que les grands cliniciens-du milieu du siècle, et notamment Peter, avaient fort bien vu, lorsqu’ils qualifiaient la tuberculose du nom de maladie de déchéance, de maladie de faiblesse organique. La faiblesse, nous le savons aujourd’hui, ne crée pas la tuberculose, mais elle ouvre la porte au bacille qui, dans l’état de pandémie