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culigènes, » parce qu’elles ouvrent la porte à la phtisie, soit eu altérant la constitution générale, soit en modifiant la vitalité de la muqueuse bronchique : telles la coqueluche et la rougeole chez reniant ; la variole, la pneumonie et surtout la grippe-influenza chez l’adulte. Qu’une de ces maladies vienne à frapper un sujet déjà débilité par l’une ou par l’autre des influences morbides énumérées plus haut, un beau jour la défense organique devient inférieure à l’attaque et l’infection tuberculeuse entre en scène.

Presque toujours son début est insidieux et obscur : parfois c’est une pleurésie, parfois un crachement de sang plus ou moins abondant dont la valeur symptomatique est d’ordinaire méconnue ; plus souvent tout se réduit à un rhume prolongé, à une bronchite insignifiante, mais tenace, ou bien encore à de légers troubles digestifs, dont l’explication est toujours prête. Fait remarquable, non seulement le malade n’accuse aucune faiblesse, mais il éprouve au contraire une sensation de force, ou plutôt de griserie factice et de bien-être trompeur qui le rassure.

Cependant, dès cette période, l’œil du médecin attentif reconnaît toute une série de symptômes dont l’interprétation n’est que trop facile : c’est une certaine pâleur du visage avec éclat exagéré des yeux, c’est une voix légèrement voilée, et de temps en temps une toux sèche et profonde, c’est enfin un pouls fréquent, peu tendu, instable, une légère moiteur de la peau, un amaigrissement appréciable de la poitrine et des épaules ; en même temps la percussion révèle une diminution d’élasticité sous une des clavicules, avec respiration imparfaite et retentissement exagéré de la toux. Il n’en faut pas davantage pour établir le diagnostic : la tuberculose pulmonaire existe, tuberculose fermée, il est vrai, sans expectoration, et par conséquent sans bacilles constatables, mais avec des lésions déjà sérieuses qui ne tarderont pas à devenir destructives.

Que si, dès la constatation de ces premiers symptômes, le malade quittait résolument ses occupât ions avec toutes les chances de fatigue et de refroidissement qu’elles comportent, s’il allait se reposer dans un air pur, refaire ses forces par une bonne hygiène et une alimentation tonique, il aurait les plus grandes chances de retrouver promptement l’équilibre de sa santé compromise. La nutrition se relevant, les tubercules, encore peu volumineux, seraient bientôt enkystés, puis étouffés, par une zone épaisse de