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qui s’y rendent, quand l’épuisement de leurs ressources ne leur permet plus de se soigner chez eux, sont admis, chose à peine croyable, dans les mêmes salles que les autres malades. Maintes fois, depuis quinze ans, les médecins des hôpitaux ont signalé ; l’inconséquence, les dangers d’une pareille promiscuité, et réclamé avec énergie l’isolement des phtisiques dans des salles spéciales ; ces protestations n’ont pas prévalu contre la routine administrative : le statu quo dure toujours, et le tuberculeux, couché entre un typhique et un pneumonique, continue à distribuer libéralement à ses voisins le contage de la maladie qui le mine. Ainsi beaucoup de malheureux, entrés à l’hôpital pour une affection bénigne et accidentelle, risquent d’en sortir voués à la phtisie !

En dehors même de ces foyers spéciaux où le danger de contagion atteint son plus haut degré, on peut affirmer qu’il n’est pas un lieu public qui ne soit infecté ou susceptible de l’être : dans les rues, les passages et les escaliers, dans les fiacres et dans les omnibus, dans les cafés, dans les théâtres, dans les églises, partout le tuberculeux porte ses répugnantes habitudes, son mouchoir, et son dédain absolu de toute règle hygiénique. Sans doute le soleil, ce grand agent d’assainissement naturel, détruit la plupart des germes ainsi répandus au dehors, mais combien d’endroits dans la grande ville où le soleil n’a jamais pénétré ! Le péril est donc partout, et l’ubiquité du bacille tuberculeux est une menace constante pour l’ensemble de la population parisienne, pour les habitans aisés aussi bien que pour la classe ouvrière.


IV

Nous l’avons dit plus haut : à l’état physiologique, l’organisme humain n’offre guère de prise au bacille tuberculeux. Un individu sain, vigoureux, pratiquant une bonne hygiène, est capable de fréquenter impunément pendant de longues années les milieux les plus contaminés. C’est là le cas de la plupart des médecins d’hôpital : les germes que forcément ils inhalent presque ; chaque jour, s’arrêtent à la surface de la muqueuse respiratoire et sont rejetés au dehors sans avoir pu s’implanter ; si quelques-uns d’entre eux. arrivent à forcer le revêtement épithélial et à pénétrer dans le réseau lymphatique, c’est pour être