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vaisseau sanguin, et inondé tous les organes d’une pluie de germes virulens.

D’autres formes encore peuvent se rencontrer que l’expérimentation reproduit plus difficilement : ainsi la tuberculose des méninges, celle des os, celle des reins, etc. Mais ces localisations sont relativement rares : la seule forme vraiment importante au point de vue qui nous occupe, celle qui joue le rôle capital aussi bien dans la propagation le fléau que dans l’effrayante mortalité qui en est la conséquence, c’est la phtisie pulmonaire. Il convient de s’y arrêter un instant et de préciser comment elle évolue.

Que se passe-t-il quand un certain nombre de bacilles tuberculeux pénètrent accidentellement dans les bronches ? Les choses ne sont pas aussi simples, heureusement pour l’espèce humaine, que chez le lapin et le cochon d’Inde, animaux dépourvus de résistance, et qu’une seule inoculation tuberculeuse fait mourir presque fatalement. L’homme sain est réfractaire dans une large mesure : son organisme sait se défendre contre l’invasion du parasite. Au contact des bacilles imprégnés d’une toxine irritante, la muqueuse bronchique se congestionne, les vaisseaux capillaires qui rampent dans son épaisseur se dilatent et leurs parois amincies se laissent traverser par de nombreuses cellules lymphatiques (aussi appelées globules blancs). A celles-ci, ou du moins à l’une de leurs variétés, appartient la merveilleuse propriété d’englober les corps étrangers qu’elles rencontrent sur leur passage, de les inclure dans leur substance cellulaire et de les digérer en quelque sorte. Attirées par le voisinage des bacilles tuberculeux, elles s’en approchent, grâce au mouvement sarcodique qui leur est propre, les entourent de leurs prolongemens et les entraînent à travers la paroi bronchique jusque dans le réseau lymphatique sous-jacent. Si les bacilles ne sont pas trop nombreux, si leur virulence n’est pas excessive, et surtout si l’énergie vitale est intacte chez le sujet contaminé, les parasites sont promptement détruits ; à peine quelques-uns d’entre eux parviennent-ils jusque dans les ganglions trachéo-bronchiques, où ils demeurent inoffensifs.

Mais, si la vitalité des globules blancs est affaiblie par suite d’une altération de la santé » générale, ou bien si des bacilles particulièrement virulens sont introduits en grand nombre et à plusieurs reprises, l’issue de la lutte peut être toute différente :