descendans des mêmes races, ainsi l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Cap, le Far-West américain. Depuis le Congrès de Berlin, des traités de délimitation ont partagé l’Afrique en une série de colonies et n’ont plus laissé, de l’immense continent, une seule terre, sauf le Maroc, qui n’eût, au moins sur le papier, un maître européen. — Au milieu de cette fureur d’annexions, de ce rush des ambitions européennes vers les maigres terres de l’Afrique, il était périlleux pour le Portugal, propriétaire de vieilles colonies, de n’être ni un État industriel, ni un peuple d’émigrans, de n’être pas poussé vers les terres nouvelles par la nécessité de l’exportation ou la pléthore des habitans. Il ne faut d’ailleurs pas s’y tromper : c’est moins au petit nombre de ses citoyens, qu’à la nature de sa vie économique et de ses ressources naturelles que, dans ce siècle, le Portugal a dû sa décadence. La Belgique, guère plus peuplée que lui sans doute vers 1800, a dû, au contraire, sa prospérité et l’accroissement rapide de sa population, à ses houilles et à ses fers ; et tandis que le Portugal ne parvenait pas à mettre en valeur ses possessions extérieures, elle, au contraire, que la nature ne semblait pas prédestiner à une expansion d’outre-mer, s’efforçait de s’en créer pour y trouver un emploi de son activité surabondante et un débouché pour le surcroît de sa production industrielle. Les pays agricoles, comme le Portugal, et, dans une certaine mesure, la France, colonisent lentement, et, en revanche, s’implantent fortement et s’enracinent au sol. Mais, dans les temps de crise, il est dangereux de ne pas marcher du même pas que ses voisins, surtout quand on n’a ni une armée ni une marine suffisantes pour imposer un frein aux convoitises trop peu scrupuleuses. Les deux États de la péninsule ibérique en ont fait, depuis dix ans, la cruelle expérience. Quand les terres vierges ont manqué, ni les Anglais, ni les Américains n’ont hésité à s’emparer par la force de celles que d’autres puissances européennes, moins fortes, occupaient depuis longtemps.
Il était surtout dangereux pour les Portugais de posséder leurs plus grandes colonies presque à la même latitude, sur les deux côtes opposées de l’Afrique australe. Si, en effet, selon la théorie des « arrière-pays » (hinterland) définie par l’acte de Berlin, ils parvenaient à joindre les uns aux autres leurs établissemens de l’Angola et du Mozambique, ils occuperaient dans l’Afrique du Sud, à la hauteur du Zambèze, une large bande de