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que de ceux qui ont plus spécialement envisagé les vertébrés et l’homme. Toutes leurs études ont abouti, comme à une conclusion commune, à la doctrine cellulaire. Et l’on sait que cette doctrine célèbre tient en deux affirmations : tout est cellule ; tout vient d’une cellule initiale (œuf ou ovule). La cellule, petite masse de protoplasma de quelques millièmes de millimètre, en dimensions linéaires, est l’élément fondamental et primordial des êtres organisés. Depuis 1838, où Schleiden et Schwann commençaient d’apercevoir cette règle de la constitution des organismes, jusqu’aux environs de l’année 1875, où les savans contemporains, Ranvier, Max, Schultze, Kœlliker, achevèrent de la confirmer, le temps se consuma, en quelque sorte, à ces deux besognes : en premier lieu, à passer la revue de tous les organes, de tous les tissus, musculaire, glandulaire, conjonctif, nerveux, et à montrer qu’en dépit des variétés d’aspect, de forme, des complications par soudure et fusionnement, ils se résolvaient tous dans cet élément commun : la cellule ; en second lieu, à suivre la filiation de chacun de ces élémens anatomiques, depuis la cellule-œuf qui en est l’origine jusqu’à leur état de complet développement.

Ce n’était là, pourtant, qu’une première phase dans l’étude analytique de l’être vivant. Une seconde période s’ouvrit en 1873, avec les travaux de Strassburger, Butschli, Flemming, Kunstler, etc. Ces observateurs soumirent à leur tour ce microcosme anatomique, cet infiniment petit cellulaire, à la même dissection pénétrante que leurs prédécesseurs avaient appliquée à l’organisme tout entier. Ils nous firent descendre d’un degré de plus dans les abimes de la petitesse. Et, comme Pascal, se perdant dans les merveilles de l’imperceptible, apercevait dans le corps du ciron, qui n’est qu’un point, « des parties incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans les jambes, du sang dans les veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes, » les biologistes contemporains ont montré, dans ce raccourci d’organisme qui est la cellule, un édifice lui-même très compliqué.

Jusque-là, le protoplasma cellulaire, avec le noyau qu’il contient, était apparu comme indivisible. On se fit désormais une conception plus juste de sa constitution physique. Cette prétendue masse de substance granuleuse, support ultime de la vie, était considérée, selon l’expression même de Sachs, comme une sorte de « boue protoplasmique, » c’est-à-dire comme une poussière de grains, de granulations, liées par un liquide. C’est une vue trop simple. Il faut comparer le