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continuellement à un aérostat. Aussi, jusqu’à ces dernières années, la durée des plus longues ascensions en ballon libre, sans escale, n’avait jamais dépassé vingt-deux heures.

Mais, grâce à l’impulsion donnée par l’Aéro-Club, de sérieux progrès ont été réalisés dans l’économie du lest et du gaz. Déjà, en 1897, Godard et Surcouf avaient exécuté, en ballon libre, sans escale, au-dessus des plaines de l’Allemagne du Nord, un voyage de vingt-quatre heures, snr une longueur de 1 000 kilomètres. En 1899, on fait mieux encore : MM. Mallet et de Castillon de Saint-Victor battent ce record en voyageant en ballon libre pendant vingt-neuf heures. Enfin, le 7 octobre 1900, MM. de la Yaulx et de Castillon de Saint-Victor, tous les deux membres de l’Aéro-Club de France, ont battu les records précédens, au point de vue de la durée et de la distance : en 35 h. 45, ils ont pu franchir la distance de 1 925 kilomètres qui sépare Kief de Paris, leur point de départ, ce qui correspond à une vitesse moyenne de 54 kilomètres à l’heure, environ.

Ainsi, malgré la double dépense de lest et de gaz, dépense inévitable, il est établi aujourd’hui qu’à l’aide d’un vent favorable, on peut, avec un aérostat bien construit et bien dirigé, parcourir près de cinq cents lieues en trente-cinq ou trente-six heures à peu près. En tout cas, ce qu’on peut toujours faire, dans des conditions atmosphériques normales, c’est se maintenir en l’air trente-six heures de suite. Aucun des hardis aérostatiers du siège de Paris n’eût cru possible un pareil tour de force ! La conquête du Pôle Nord, la traversée du Sahara, celle de la Méditerranée, en ballon libre, sont peut-être, quoi qu’on en pense, des entreprises réalisables, actuellement !

L’Aéro-Club de France a le droit d’être fier des prouesses de ses membres. Lui aussi peut affirmer que, dans la mémorable année 1900, il a bien mérité de la Science.

P. Baxet-Rivet.