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rites respectifs des volateurs et des ballons : ils ne veulent encourager ni ne décourager personne. Mais, étant donné que, jusqu’ici, le plus lourd que l’air n’a rien fait et que le plus léger, seul, a fait quelque chose, ils ont prudemment décidé de se servir, pour la navigation aérienne, des aérostats tels qu’ils sont, estimant qu’un emploi fréquent, prolongé et rationnel de ces appareils conduirait nécessairement à les perfectionner, soit au point de vue de leur construction, soit au point de vue de leur maniement. Les résultats des concours d’Aérostation de l’Exposition universelle ont montré l’exactitude de ces vues.

Quatorze concours de quatre espèces différentes, plus de cent soixante ascensions, la plupart fort remarquables, effectuées sans aucun accident de machine ni de personne, les principaux records battus par ceux-là mêmes qui les détenaient, tel est, déclare le colonel Renard, le bilan des concours aéronautiques de Vincennes.

En altitude, Jacques Balsan et Louis Godard ont dépassé 8 000 mètres (le docteur Berson restant toujours le champion du monde pour son ascension de 9 156 mètres, du i décembre 1894), et il est maintenant prouvé qu’on peut braver la raréfaction de l’air et les basses températures des hautes régions atmosphériques, au moins jusqu’à 9 000 mètres. Il est même probable que l’emploi de l’oxygène liquéfié, que propose Cailletet, permettra sous peu, d’atteindre et de dépasser l’altitude de 10 000 mètres.

Mais il y a mieux.

Pour qu’un ballon puisse s’élever, il faut dépenser du lest et, en même temps, par suite de la diminution de la pression atmosphérique, on perd du gaz ; pour qu’il puisse descendre, il faut dépenser du gaz et, afin de modérer la descente, il faut perdre du lest. Si, une fois dans une zone favorable, on se contente de suivre le lit du vent, le soleil, la pluie, etc., font toujours dépenser du lest ou perdre du gaz. Évidemment, priver à la fois un ballon de son lest et de son gaz est une façon de naviguer absurde avec un ballon ordinaire, absurde même avec un dirigeable, car, dans ce cas, vouloir obstinément, pour éviter ces perles, maintenir un ballon de ce genre toujours à la même hauteur, serait se priver bénévolement du profit que l’on pourrait retirer des variations de la vitesse du vent avec l’altitude. Malheureusement, on ne connaît encore aucun moyen pratique de remédier d’une façon absolue à la double saignée faite ainsi