Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 2.djvu/426

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dire normal à la surface, le centre de pression, c’est-à-dire le point d’application de la résistance, coïncide évidemment avec le centre de gravité de cette surface. Mais, si le mouvement est oblique, il n’en est plus de même : l’expérience prouve qu’alors le centre de pression est placé un peu au-dessus du centre de gravité. Où ? c’est à quoi il est impossible actuellement de répondre, même lorsque le carreau a la forme la plus simple, cercle, carré, rectangle, etc.

Sans attacher une trop grande importance à notre ignorance sur des points aussi fondamentaux, on conçoit les difficultés que doit présenter le problème de l’aviation et l’impossibilité presque absolue où l’on se trouve, aujourd’hui encore, de calculer à l’avance, même avec une assez grossière approximation, les résistances qui s’opposent au mouvement d’un dirigeable comme la France. Mais, enfin, il faut aboutir. Le plus sage donc est d’agir, et c’est ce qu’ont pensé, ce que pensent tous les chercheurs qui se sont occupés et qui s’occupent de la navigation aérienne à l’aide de machines plus lourdes que l’air, les volateurs, comme on les appelle ordinairement.

Tous les volateurs qui ont été imaginés ou essayés peuvent se classer comme il suit : 1° les aéroplanes, dans lesquels on cherche à résoudre le problème de l’aviation par le mouvement horizontal d’une surface, plane ou courbe, suffisamment inclinée sur l’horizontale ; 2° les hélicoptères, dans lesquels on utilise le mouvement circulaire d’une surface à peu près plane et convenablement inclinée ; 3° les machines à ailes, improprement appelées orthoptères, dont le but est d’imiter le genre de vol désigné, chez les oiseaux, sous le nom de vol à la rame ou vol ramé.

L’idée de ces différentes espèces de volateurs est fort ancienne puisque, en particulier, c’est à Léonard de Vinci qu’on doit l’invention de l’hélicoptère et du parachute. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si, en 1784, quelques mois après la célèbre expérience d’Annonay, Launay et Bienvenu purent faire fonctionner, devant l’Académie des sciences, un modèle d’hélicoptère. En 1796, après l’échec des premières tentatives de navigation aérienne au moyen des ballons, Cayley imagina un appareil analogue qui, comme le précédent, put s’élever en l’air. Depuis, les tentatives de toutes sortes se multiplièrent, mais aucune ne parvenait à éveiller sérieusement l’attention du public quand, en