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les fortifications au Point-du-Jour et retourna à Chalais, vent arrière, il est vrai.

Au premier moment, on crut, comme un siècle auparavant, la navigation aérienne enfin réalisée. Mais, à la réflexion, les résultats obtenus parurent un peu minces, des critiques surgirent, et on reprocha surtout à Renard la lourdeur de son moteur. Personne ne s’avisa, cependant, d’essayer de mieux l’aire.

Certes, la vitesse de 6 mètres à 6 m. 50 du dirigeable la France était insuffisante : Renard en a toujours convenu. Pour lutter contre le vent avec succès, au moins huit fois sur dix, elle aurait dû être le double. Mais on démontre en Mécanique que, pour un navire aérien (et ce théorème s’applique aussi à la navigation maritime), le travail à développer croît comme le cube de la vitesse. Par conséquent, pour arriver à doubler la vitesse de son dirigeable, il eût fallu à Renard un moteur huit fois plus puissant que le sien à poids égal, c’est-à-dire dans lequel le poids du cheval n’eût été que de 9 kilogrammes. Or, en 1884, il n’existait pas de moteur aussi léger, ce qui explique suffisamment pourquoi, après avoir démontré la possibilité de conduire un ballon contre le vent, Renard a jugé inutile de recommencer ce genre de tentatives.

La question des dirigeables, malgré quelques essais tentés en France et à l’étranger, semblait donc sommeiller, lorsque, en 1898, grâce à M. Santos-Dumont, elle fut brusquement remise à l’ordre du jour, de sorte qu’en ce moment même on attend avec quelque impatience le résultat des essais définitifs que cet aéronaute se propose de faire, sous peu, avec un des assez nombreux dirigeables qui ont été construits à ses frais.

Le dirigeable qu’il se prépare à lancer est fusionne, comme celui de Renard, mais symétrique, ce qui est peut-être un tort. Son tonnage est assez faible, 500 mètres cubes environ. Aussi, pour gagner du poids, Santos-Dumont supprime résolument la nacelle, qu’il remplace par une longue perche en bambou sur le milieu de laquelle se trouvent implantés une simple selle de bicyclette et le moteur, avec Unis ses accessoires. Ce moteur, construit par Buchet, est un moteur à pétrole, à quatre cylindres, et qui, d’un poids total de 92 kilogrammes seulement, développe 16 chevaux, ce qui met le poids du cheval à 5kg, 500 environ. L’axe du moteur se prolonge, en avant, jusqu’à l’embrayage qui transmet le mouvement à une hélice à deux branches, de