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rôle politique et philosophique est fini, n’a plus de raison d’être, puisque ce qu’il y avait de légitime dans les idées qu’elle cherchait à propager est aujourd’hui unanimement accepté par le sentiment public et réalisé par nos institutions politiques.

« Elle l’a senti elle-même, et c’est d’elle-même qu’elle tend à se renfermer de plus en plus dans la bienfaisance, la bienfaisance éclairée et soutenue par des conférences de morale et de philosophie où sont professées des doctrines irréprochables, où domine le respect de toutes les opinions politiques et religieuses, et où d’ailleurs toute discussion sur ces matières est rigoureusement interdite.

« Le patronage du gouvernement encouragera cette transformation, aidera la Franc-Maçonnerie à effacer les derniers vestiges de son passé, à ne subsister désormais que comme œuvre d’assistance.

« Quant aux formes plus ou moins mystérieuses qu’elle conserve encore, le décret de reconnaissance et les statuts officiellement approuvés ne les consacrent pas. Peut-être l’Association y renoncera-t-elle d’elle-même, quand elle s’apercevra que ces formes sont désormais inutiles et qu’elles peuvent éloigner d’elle plus d’esprits qu’elles ne lui en attirent. Elles n’ont d’ailleurs rien de redoutable, puisque à la tête de l’Association se trouve un chef nommé par l’Empereur, qui sera toujours choisi parmi les personnages les plus considérables de l’État, qui puisera dans sa situation personnelle et dans l’autorité dont il émanera une haute influence sur l’Association entière, qui connaîtra nécessairement son dernier mot et sera initié à toute la série de ses secrets.

« Enfin, l’Association est loin d’être animée d’un esprit hostile. Elle a loyalement accepté le chef que l’Empereur lui a choisi, et depuis, dans toutes les circonstances, dans toutes ses réunions, elle manifeste hautement son dévouement pour les institutions impériales. La demande même dont nous sommes saisis est un témoignage de ses bonnes dispositions.

« Ne nous occupons donc pas d’un passé qui n’existe plus, ni de dangers imaginaires ; tenons compte à la Franc-Maçonnerie du bon esprit qui l’anime, du bien qu’elle fait, des œuvres nombreuses et intéressantes que ses Loges entretiennent sur divers points de la France. Ne lui refusons pas cette faveur qu’elle sollicite et dont elle a besoin pour régulariser une situation