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grandes villes, qui sont des Babylones, et de l’art, dont la flamme sert surtout à brûler les ailes des moucherons qu’elle attire, exercez des vertus simples dans votre petit cercle, en acceptant votre destinée : c’est la sagesse, et c’est le bonheur. Positivement, cette leçon paisible ressort avec évidence des pièces que nous venons de lire. Et nous pensons qu’elle est le fruit de beaucoup d’observations, et peut-être d’expériences : car elle ne semblait pas, certes, il y a dix ans, devoir être le but ou la conclusion des jeunes écrivains dont M. Max Halbe fut d’emblée un des plus « représentatifs » et des plus brillans. Bien que nous ne soyons pas encore disposé à l’accepter sans réserve, elle a ici une gravité et une sincérité qui, à elles seules, suffiraient à rendre très sympathique un auteur que recommandent en outre le travail patient par lequel il dégage et affirme peu à peu sa personnalité, et deux œuvres au moins qui méritent d’être admirées.


P.-S. — Depuis que ces pages ont été écrites, un nouveau drame de M. Max Halbe, Haas Rosenhagen (la Maison Rosenhagen), a été représenté à Dresde et à Munich. Nous ne le connaissons encore que par les journaux allemands, qui en constatent le grand succès. Autant que nous en puissions juger, la lecture de cette œuvre nouvelle, dont le thème est fourni par l’observation très attentive de la vie paysanne, ne modifierait en rien nos conclusions. À la vérité, M. Max Halbe est d’un âge où l’on se transforme encore ; pourtant, les idées générales que manifeste l’ensemble de ses pièces semblent procéder de convictions qui ne changeront guère.


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