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LE TRAVAIL
LE NOMBRE ET L’ÉTAT

I
LES FAITS

Des deux révolutions qui, concurremment, se poursuivent depuis un siècle ou un siècle et demi, la première, la révolution économique, a eu pour conséquence principale la transformation psychologique de l’ouvrier, c’est-à-dire de la grande majorité des individus vivant du travail dans une nation, c’est-à-dire du Nombre ; la seconde, la révolution politique, a eu pour effet principal la transformation juridique de l’Etat. Cette double révolution s’est accomplie, cette double transformation s’est opérée sous l’action d’un triple mouvement convergent des faits, des idées et des lois[1]. Mais peut-être ne suffit-il pas de l’avoir indiqué sommairement, et comme affirmé dans le raccourci d’une formule. Le présent seul et quelque peu du plus prochain avenir, étant jusqu’à un certain point en notre dépendance, sont matière de politique. S’il est vrai toutefois que le présent repose sur le passé, s’y insère à ses origines, et soit ainsi « conditionné » par lui, le passé, — au moins le passé récent, le dernier passé, — est donc l’un des fondemens nécessaires d’une politique positive ; et il vaut alors la peine de montrer avec plus de détail comment la double révolution s’est accomplie, comment la double transformation s’est opérée, ce qu’en se

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1900.