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commencera jamais. Nous entrons dans la dernière année de la législature. Avec l’obligation où elle est de voter avant de se séparer le budget de 1902, la Chambre n’a plus que quelques mois, peut-être quelques semaines de session utiles. Il faut donc renoncer aux longs espoirs et aux vastes pensées. Et c’est dans un pareil moment qu’on demande aux grévistes de Montceau d’attendre encore. D’attendre quoi ? Auront-ils plus tard occasion meilleure ? Aussi toutes leurs pensées étaient-elles tournées du côté de Saint-Étienne, d’où devait venir la parole décisive. Elle est venue, mais elle n’est pas décisive. Le Conseil fédéral parle un peu comme la sibylle ; on ne sait pas très bien ce qu’il veut dire. Les mineurs de Montceau attendent leurs délégués, qui, ayant assisté aux séances du Comité, pourront peut-être expliquer ses oracles. Mais ces délégués ne se pressent pas de revenir ; peut-être demandent-ils eux-mêmes des explications. La nôtre est que le Conseil fédéral, plus diplomate qu’on ne l’aurait cru, ne veut rien décourager, mais qu’il ajourne tout. Il proclame le principe de la grève générale, mais il en renvoie la réalisation à plus tard. Il adresse au gouvernement les plus impérieuses sommations, mais il lui donne un délai pour y répondre. Au reste, voici ses résolutions, car rien ne vaut la précision des textes.

Elles sont au nombre de quatre. La première consiste à dire « qu’il y a lieu de donner à manger aux 60 000 bouches » de Saint-Éloy et de Montceau-les-Mines : en conséquence, tous les mineurs de France sont invités à leur venir en aide. « La cause que soutiennent nos camarades, dit le Comité, est celle de toutes les corporations. Il ne faut pas qu’ils succombent. Donnez, citoyens, donnez du pain aux grévistes de Montceau-les-Mines et de Saint-Éloy par souscriptions et par tous les moyens possibles. » Deuxième résolution : « Le Comité décide la grève générale. » Seulement, il ne dit pas quand on la commencera. D’après la troisième résolution, « une commission présentera de suite aux pouvoirs publics les revendications des mineurs. » Enfin ces revendications sont énumérées dans la quatrième résolution. Elles assurent à la corporation : 1° la retraite de 2 francs par jour après vingt-cinq années de service, sans condition d’âge, et proportionnelle en cas d’incapacité de travail ; 2° la fixation à huit heures de la journée de travail, descente et montée comprises ; 3° l’établissement du minimum de salaire fixé par les fédérations syndicales régionales. Mais, demandera-t-on, si la compagnie refuse d’accéder à ces revendications, qu’arrivera-t-il ? Le Comité national l’a prévu ; il a une sanction toute prête pour assurer le respect de ses volontés. Le gouvernement devra