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En 1884 l’Université Mac Gill, à Montréal, celles de Toronto et de Dalhousie, ont ouvert leurs cours aux femmes en partie ou tout entiers. Les autres collèges ont suivi cet exemple, sauf les Universités catholiques. Jusque dans les colonies de l’Afrique du Sud, il en est de même.

J’ai gardé pour la fin les plus célèbres des universités de femmes, celles qui s’imposent entre toutes à l’attention du monde, les universités américaines. On en apprendra plus à leur endroit que par toutes les discussions du Congrès en lisant la monographie si judicieuse et si complète sur l’Education des Femmes que miss Carey Thomas, présidente de l’Université de Bryn Mawr, a envoyée à notre Exposition universelle[1]. Sur l’ensemble des Universités des différens États, 80 pour 100 d’entre elles admettent des femmes, exclusion faite des collèges catholiques. Les universités féminines indépendantes, issues entre 1870 et 1890 de donations particulières, forment trois groupes, distincts par rang d’importance : — en première ligne, les quatre grands collèges de Vassar, de Smith, de Wellesley et de Bryn Mawr ; auprès d’elles, une première université catholique pour les femmes, Trinity college, s’est récemment ouverte à Washington.

Il y a cinq universités de femmes affiliées aux universités masculines, un peu à l’exemple d’Oxford et de Cambridge ; les deux principales, Radcliffe et Barnard, s’appuient sur les Universités de Harvard et de Columbia.

Mais partout, excepté à l’Est et au Nord, la coéducation domine. Le dernier rapport de la commission d’éducation aux. États-Unis, 1896-97, établit que plus de 15 000 femmes étudient dans les universités mixtes ; elles sont au moins 37 000, si l’on compte les écoles professionnelles soumises au même régime. Ces chiffres, considérables prouvent d’abord, comme se hâtent de le dire les Américaines elles-mêmes, devançant adroitement la critique étrangère, qu’un nombre excessif d’institutions médiocres porte aux États-Unis le nom trop ambitieux d’Université, mais il n’en est pas moins évident que des milliers de jeunes gens des deux sexes travaillent côte à côte sans qu’on y ait trouvé d’inconvénient, puisque nulle part on n’est jamais revenu sur l’adoption de ce système. Toutes les universités d’État

  1. Department of education for the United States Commission to the Paris Exposition of 1900.