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n’ont aucune prétention à se passer de l’homme pour les travaux qui exigent des muscles. Là comme partout, les deux sexes peuvent travailler côte à côte.

Le jardinage pratiqué dans les asiles, dans les maisons de convalescence, paraît être doublement utile aux pensionnaires, dont il emploie les forces et améliore le régime. Et ceci se rattache aux observations de nombreuses sociétés féminines d’hygiène qui fonctionnent en Danemark, mieux encore peut-être qu’ailleurs, distribuant un enseignement indispensable aux femmes, qui partout sont appelées, sans exception, à être gardes-malades, ménagères, à soigner leurs vieux parens ou leurs jeunes enfans. On les initie à l’hygiène, à l’économie domestique, à l’étude de la coopération et de la subordination existantes dans la machine humaine ; de tout, cela elles tirent des lumières sur les lois de la vie, sur la relation sacrée, de l’individu et de la société, ou de la race, et d’abord elles se perfectionnent dans le plus indispensable de tous les arts, celui de bien diriger leur famille et leur maison.

Quant à l’utilité des professions en général pour les femmes, je crois qu’il faut méditer le discours si suggestif et si sensé d’une dame anglaise, Mrs Fenwick Miller, sur l’effet qu’elles produisent dans la vie domestique. Leurs avantages sont ceux-ci : offrir un aliment, précieux aux filles qui ne se marient pas et dont la vie manquée s’écoulait inutile et languissante auprès de parens qui, d’aventure, les laissaient sans ressources, désarmées contre la vie, à un âge où l’on ne peut plus rien commencer ; faciliter le mariage dans tel cas où le gain de la femme s’ajoute à celui du mari et produit l’aisance. La mère de famille devra nécessairement se faire aider pour les soins matériels, car une femme qui travaille ne saurait être une femme de foyer selon les anciennes formules, mais les enfans gagneront au développement de l’intelligence et des talens de leur mère. Le péril serait dans les habitudes de paresse que prend volontiers le mari en pareille occurrence. Mrs Fenwick Miller signale cette grave menace : très fréquemment il s’appuie sur sa femme aussitôt qu’il la voit se suffire à elle-même. En Allemagne et dans plusieurs des États de l’Union, on a prévu le cas par des mesures légales contre l’oisiveté de tout homme qui ne contribue pas ii nourrir sa famille. Le divorce peut s’ensuivre, entraînant de certaines obligations pécuniaires du père envers ses enfans. Un autre point