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pour les attributions non déléguées, dans chacun des États de l’Union.

De là les stipulations principales du pacte fédéral. L’Union a compétence pour tout ce qui concerne les relations extérieures, la guerre, le commerce, et les moyens financiers et judiciaires d’y pourvoir ; chacun des États reste maître de tout le surplus de sa législation, civile, criminelle ou politique. L’Union ne peut interdire la traite des esclaves, au moins avant 1808, ni créer des litres de noblesse, ni suspendre les garanties de la liberté individuelle, ni subordonnera une déclaration religieuse déterminée la collation d’une fonction publique fédérale : chacun des États reste libre de le faire. Sans doute les interdictions édictées contre l’Union ont fini par se faire jour jusque dans les constitutions individuelles des États, mais la chose ne s’est accomplie qu’en vertu de la libre et spontanée initiative de chacun d’eux : il a fallu la guerre de Sécession pour qu’on donnât mission à l’Union, en 1800, d’abolir l’esclavage, en 1870, d’assurer l’égalité politique sans distinction de couleur. Encore les États restent-ils maîtres de régler à leur guise le droit de vote, non pas seulement pour leur usage propre, mais même pour les élections fédérales, et certains d’entre eux ont réussi, par des procédés détournés, à porter une atteinte sensible aux promesses faîtes aux noirs à cet égard en 1870.

Par le seul fait que, dans la pensée des constituans de 1789, l’Union était principalement destinée à être un instrument de défense et d’action extérieures, la notion s’est imposée à eux de fonder un pouvoir exécutif fort : le Président élu et les ministres qu’il choisit ne sont pas énervés, dans leur œuvre quotidienne, par le jeu continu de la responsabilité parlementaire ; durant les quatre années de son mandat, le Président est le maître incontesté de l’administration, sous la seule réserve qu’il doit obtenir l’assentiment du Sénat pour la nomination des hauts fonctionnaires et pour la ratification des traités conclus avec les puissances étrangères. Ce régime, qui serait plein d’inconvéniens dans un pays unifié et centralisé, par lis tentations et les facilités qu’il offrirait au pouvoir personnel, n’en a que peu ou point aux États-Unis, puisque, encore une fois, l’activité de l’exécutif ne s’y peut exercer que sur un domaine restreint et soigneusement limité.

Quant aux quelques lois nécessaires au fonctionnement de