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qui peuvent amener une meilleure direction du ménage et des enfans.

En Suède, la coopération fait son chemin, à peu près sur les mêmes bases qu’en Angleterre et en Écosse ; elle rencontre, par suite de la concurrence, les mêmes difficultés dans les grands centres de population et n’a encore bien réussi que dans quelques forges, quelques scieries du Nord, ou mieux encore, pour les crémeries, les fabriques de beurre et de fromages. La coopération agricole semble destinée au succès en ce temps où, un peu partout, les travaux de la campagne sont abandonnés comme trop peu rémunérateurs. Le fermier, devenu propriétaire, arrivera, avec la culture intensive, à rendre la terre plus féconde. Pour cela encore, il faut compter sur l’effet de l’éducation.

Cette éducation industrielle des femmes a été, nous l’avons vu, abondamment traitée par le Congrès. Il a discuté aussi l’avantage qu’il peut y avoir pour elles au partage des bénéfices tel que le pratiquent, sans-mélange de coopération, certaines compagnies et maisons de commerce. Ce partage leur fait, pour le moment, un double tort, parce qu’elles ne participent aux bénéfices qu’en proportion de leur salaire, lequel est plus bas que celui de l’homme. Néanmoins elles s’y rallient en prévision d’obtenir, comme les ouvriers eux-mêmes, lentement, mais sûrement, un contrôle administratif. Tôt ou tard l’association triomphera et la rémunération aura lieu pour chaque associé, de quelque sexe qu’il soit, selon la somme et la qualité du travail fourni. Déjà les femmes contribuent à la production coopérative sortie des fabriques et ateliers qui existent par l’association du capital et du travail des ouvriers, avec ou sans aide du dehors ; ces établissemens sont nombreux dans la Grande-Bretagne ; mais, jusqu’à présent, la direction générale des affaires y est laissée à l’homme. Le Congrès ne manque pas de signaler, dans l’étude de la production coopérative, notre fonderie de Guise et la grande maison Leclaire à Paris.

Pour revenir aux femmes, les trade unions leur rendent déjà de grands services, que ces unions soient mixtes ou qu’elles restent exclusivement féminines. Faute d’union, les salaires baissent, et il arrive trop souvent que les patrons renvoient les ouvriers pour les remplacer par des ouvrières moins bien payées, ce qui nuit aux uns et aux autres. Plus de cent mille femmes sont enrôlées aujourd’hui ; elles deviendront très vite plus nombreuses,