est tel qu’il a nécessairement des détracteurs ; ceux-ci expriment la crainte de voir à la longue le club remplacer le foyer domestique. Il aura du moins contribué à créer l’esprit de corps entre les femmes et à stimuler la culture intellectuelle. L’histoire des clubs est particulièrement intéressante pour les sociologues qui cherchent à découvrir le chemin que prendront dans l’avenir les activités féminines. En tant que force sociale, le mouvement date de 1868, l’année où le fameux Sorosis fut inauguré à New-York et le non moins célèbre Club des femmes de la Nouvelle-Angleterre à Boston.
Dans la grande république, les clubs de femmes étaient un produit tout naturel de la force des choses et de l’état social[1]. Les associations nécessairement nouées entre pionniers pour défricher des forêts vierges, bâtir l’église, puis former l’école, devaient conduire à cette persistance dans l’organisation qui est devenue le trait distinctif du génie américain.
Les premières associations de femmes, à côté de celles des hommes, furent d’abord purement charitables. Et les prirent un caractère ; public lorsque naquit la société dite anti-esclavagiste, puis la société de tempérance. C’est en travaillant à ces œuvres de pur altruisme que les femmes mesurèrent leurs ressources et en sentirent les limites. Il leur fallait beaucoup apprendre pour répondre victorieusement à leurs adversaires, pour se procurer l’argent indispensable et avoir la liberté ; de l’employer. De là l’origine de la fameuse1 convention de Seneca Falls, qui fut la mère de toutes les autres (1848). Les femmes y réclamèrent pour la première fois le droit de s’instruire, de s’assurer la liberté industrielle, des facultés pécuniaires, des privilèges civils.
Pendant les dix années qui suivirent, elles parurent se livrer au travail égoïste de leur propre développement, mais toujours avec l’arrière-pensée d’appliquer au bien général les progrès acquis. On en eut la preuve lors de la guerre civile. Cette grande crise dans la vie nationale arracha, bon gré mal gré, les Américaines aux occupations du ménage. Les citoyens étant devenus soldats en masse, leurs femmes durent, pendant des années, les remplacer dans de lourdes tâches qui leur tirent constater qu’elles n’étaient ni faibles, ni incapables, ni fatalement dépendantes. Elles se mirent à pratiquer de leur mieux toutes les
- ↑ Organisation as a factor in the development of modern social life, by Mrs May Wright Sewall.