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homes, des écoles ménagères, placé des milliers de jeunes Mlles et rapatrié un grand nombre d’émigrées, car elle n’est pas favorable à l’expatriation de la femme.

Les séances qui ont eu l’émigration pour objet prouvent cependant qu’il y a beaucoup à faire pour les femmes dans les pays où l’on manque de domestiques, au Canada, dans l’Afrique du Sud, en Australie. Des maisons de bienvenue attendent les émigrantes qui débarquent sous le patronage de Sociétés chrétiennes. L’émigration est un des moyens les meilleurs pour rétablir l’équilibre entre le travail et la production, mais les gouvernemens doivent la conduire avec prudence, procéder à un choix rigoureux, le rebut, qui est si souvent envoyé outre-mer, ayant inspiré de justes méfiances. C’est ce qu’a fort bien compris, par parenthèse, Mme l’égard, en organisant l’émigration de nos femmes françaises aux colonies.


Le traitement des classes indigentes figure avant tout dans le vaste cadre des œuvres sociales où se distinguent les femmes converties aux nouvelles méthodes, celles qui remplacent l’antique aumône. L’aumône rendait la vie des pauvres momentanément possible ; maintenant, on prétend abolir la misère héréditaire ; on ne veut plus rien faire pour son soulagement qui ait chance d’aggraver ses causes.

Mme Mauriceau, administratrice d’un de nos bureaux de bienfaisance, donne un rapport détaillé sur l’assistance publique française, en émettant le vœu que la femme y soit incorporée de plus en plus, car elle peut être d’un grand secours dans l’administration du service d’inspection, d’enquête, de visites, ainsi que dans le Conseil supérieur de l’Assistance, dans les conseils de surveillance des hospices, etc. On le reconnaît en Angleterre, où plus de cent femmes remplissent ces emplois ; de même en Suède, en Norvège, en Danemark, aux Etats-Unis. En Allemagne, une association de femmes de toutes conditions s’est formée, à Elberfeld, pour compléter l’œuvre de l’assistance publique et y suppléer au besoin ; elle lutte activement contre la mendicité. Amener le progrès des conditions générales de la vie et du caractère, tel est le but qu’elle se propose.

L’influence féminine s’affirme ainsi dans les établissemens de charité dont sont très richement dolées toutes les colonies anglaises. Nulle part plus qu’en Australie ne prévaut le