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apostoliques en Orient une circulaire conforme au désir, que j’avais exprimé, de voir notre protectorat sur les catholiques placé en dehors de toute atteinte. Le secrétaire de la Propagande, Mgr Agnozzi, m’avait tenu l’avant-veille le même langage, et, pendant tout le temps de mon séjour à Rome, je n’eus qu’à me louer de l’exactitude avec laquelle fut tenu cet engagement.

Je fus d’autant plus satisfait du langage du cardinal Simeoni, que, par la force des choses, il avait pu, comme ancien secrétaire d’Etat de Pie IX, après la mort du cardinal Antonelli, manifester, sur certaines questions, et notamment sur celle de notre protectorat, quelques sentimens politiques en désaccord avec la nouvelle inspiration de la secrétairerie d’Etat. Mais je vis là une preuve nouvelle de l’identité de vues de la cour de Rome, quand le Pape s’était une fois prononcé. Je profitai de la visite du cardinal pour lui donner connaissance d’un télégramme de Mgr Azarian, communiqué par M. Fournier, et dans lequel le délégué apostolique se louait hautement de l’attitude aussi sage qu’énergique prise par notre ambassadeur à Constantinople, dans l’élection du patriarche chaldéen, qui venait, grâce à son intervention, d’obtenir la sanction de la Porte. J’en pris texte pour faire ressortir vis-à-vis du cardinal Simeoni que nous comprenions nos devoirs, en même temps que nous désirions voir respecter nos droits ; et il voulut bien reconnaître la parfaite correction de notre attitude et de notre langage.


VI

Quelques jours après ces visites, la nouvelle de l’attentat commis par Passanante sur la personne du roi Humhert éclata comme un coup de foudre dans Rome. La présence d’esprit de la reine Marguerite et le courage de Cairoli le préservèrent cette fois. L’indignation fut générale et unanime en Italie comme en Europe. Le Popolo romano, journal libéral modéré, très répandu et qui voulait une entente entre le pontifical et l’Italie, publia, le surlendemain de l’attentat, un remarquable article, que j’envoyai à Paris et que, menu ; aujourd’hui, on peut relire avec intérêt et profit. Parlant du cri poussé par la reine Marguerite, au moment où l’assassin cherchait à poignarder le Roi : « Cairoli, salvi il Re ! — Cairoli, sauvez le Roi ! » le rédacteur de l’article ajoutait :