Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 1.djvu/781

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IMPRESSIONS DE FRANCE

I
LE CENTRE. — ARNAY-LE-DUC

La carte me l’avait appris ; il existe, en France, un point géographique d’où les eaux coulent dans trois directions différentes et opposées. De ce point, une goutte ; d’eau idéale, divisée en trois parties, rejoindrait, par la Loire, l’océan Atlantique, par la Seine, la Manche, par la Saône et le Rhône, la Méditerranée ; c’est un petit Saint-Gothard, un Saint-Gothard français. Il est situé au cœur d’un triangle déterminé par Autun sur l’Arroux, affluent de la Loire, Beaune sur la Saône et Dijon sur la Seine, à la limite du Morvan et de la Bourgogne. Le bourg le plus proche est Arnay-le-Duc. Je suis allé à Arnay-le-Duc.

C’est une bonne vieille bourgade, accueillante et familière, à laquelle il ne manque rien de ce qui fait le charme d’une ancienne petite ville française. Maisons blanches, rues nettes, pavé retentissant quand dévale l’inévitable omnibus de l’inévitable Hôtel de la Poste, marmaille éparse, poules facilement effarouchées et facilement rassurées, paix profonde, silence général et géraniums fleuris sous les rideaux de mousseline blanche : voilà la ville. Peut-elle vous faire un plus joli accueil que de vous dire, par l’inscription qu’on lit, d’abord, sur une de ses antiques maisons :