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vous faire parvenir l’expression des remerciemens du Saint-Père pour la très bonne part que nous y avons prise. Je pourrais les renouveler encore et je suis très heureux, en ce qui me concerne, d’avoir été l’intermédiaire de ces communications. »

Peu de jours après avoir écrit ces lignes, je partis pour la France, en congé, et je pus continuer à M. Waddington la bonne impression que son attitude à Berlin avait produite sur le Saint-Siège. Quoiqu’il fût protestant, comme je l’ai déjà dit, j’ai toujours trouvé en lui un interprète consciencieux et éclairé des intérêts de la France catholique. Il ne m’a jamais créé aucun embarras pendant le cours de ma mission et a tout ; fait pour m’y maintenir, au moment où il quitta le pouvoir, en 1880.

J’eus l’occasion de remarquer son bon vouloir, entre autres circonstances, dans des questions de personnes assez délicates, notamment celle des chapeaux cardinalices que nous pouvions demander au Saint-Siège, et en particulier pour l’évêque d’Orléans, Mgr Dupanloup. Cette question pouvant intéresser encore un certain nombre de personnes, j’entrerai dans quelques détails nécessaires pour expliquer exactement ce qui s’est passé à son égard.

Mgr Dupanloup a trop marqué dans l’histoire religieuse et même politique de notre pays pour que j’aie à retracer ici son portrait. Mais ses adversaires eux-mêmes ont toujours reconnu la supériorité de son esprit, ses vertus éminemment sacerdotales et son amour de l’Eglise. Il était donc naturellement désigné pour marcher à la tête de l’épiscopat français et pour entrer un jour donné dans le Sacré-Collège.

Malheureusement, son attitude dans la question de l’Infaillibilité, contre laquelle il avait pris d’abord parti avec sa chaleur habituelle, avait blessé le pape Pie IX, que sa soumission exemplaire désarma, mais qui avait toujours conservé un souvenir un peu pénible de son opposition primitive au dogme proclamé par le Concile. En outre, la nature éminemment française de son esprit, sa décision, son extrême activité n’étaient pas tout à fait sympathiques à l’ensemble du Sacré-Collège. A Rome, on n’est jamais pressé, parce que l’on a derrière soi les siècles passés et devant soi les siècles à venir. Mgr Dupanloup l’était toujours, j’oserais dire un peu trop. Il aurait voulu enlever les allaires et les suffrages. C’est tout le contraire de ce qu’il faut à Rome, où l’on n’enlève rien, et où rien ne se fait qu’avec la plus