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et je n’eus qu’à me féliciter de l’avoir eu pour collègue, ainsi que M. de Haymerlé, ambassadeur d’Autriche et depuis ministre des Affaires étrangères. Nous nous voyions dans l’intimité où nous réunissions mutuellement ceux de nos compatriotes qui étaient à Rome, à demeure ou de passade. D’ailleurs, nous avions aussi, et, en particulier, avec M. Geffroy, le regretté directeur de l’Ecole archéologique, avec nos écoles de la villa Médicis et du palais Farnèse, — de fréquens rapports, ainsi qu’avec les représentans de nos pieux établissemens de Saint-Louis, qu’ils dirigeaient avec une conscience égale à leur sollicitude pour les intérêts dont ils avaient accepté la gestion.


V

Quelques jours après l’audience que j’avais obtenue du Saint-Père, le Congrès de Merlin avait terminé ses travaux, et il est très intéressant, même aujourd’hui, de rappeler l’impression que cet événement politique produisit en Italie :

« Je n’ai pas, écrivais-je, à vous rendre compte en détail, ce soin étant réservé à notre autre ambassade, de l’impression de déconvenue éprouvée ici à la suite du Congrès de Berlin. Il était de tradition, depuis la guerre de 1859, que l’Europe n’avait pas de plus grands intérêts à servir que ceux, de l’Italie irredenta, comme on l’appelle ici, et que même ses désastres pouvaient, comme en 1866, lui donner l’équivalent d’un succès. La déception a donc été grande. Au Vatican, ce résultat n’a pas produit, à beaucoup près, une impression aussi défavorable. Sans doute, on ne se fait pas de grandes illusions sur la durée d’une paix dont la base est la satisfaction de convoitises mutuelles qui, nécessairement, doivent en faire naître d’autres dans un temps donné. Sans doute aussi la cour de Rome ne se déclarera officiellement satisfaite que d’un traité qui lui rendrait certainsavantages temporels. Néanmoins, la grande majorité du Sacré-Collège me paraît admettre que la paix est chose chrétienne et par conséquent bonne en soi, même pour ceux qui n’en retirent pas d’avantages immédiats. Dans la situation où il se trouve, le Saint-Siège a vu, en outre, avec une grande satisfaction les puissances, et notamment la France, stipuler en faveur des intérêts religieux en Orient des garanties positives. J’ai eu l’honneur de