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pouvoir catalytique qui facilite la combinaison active de l’oxygène’ avec l’hydrogène. Il en facilite, par là même, l’effet calorifique en vertu duquel il est porté à une très haute température et rendu incandescent. L’éclat que jette un corps chauffé dépend toujours de la température à laquelle il est porté ; et, s’il y a, à cet égard, des différences apparentes entre les différens corps, c’est que quelques-uns, plus que d’autres, permettent, par une action catalytique inconnue, la combinaison libératrice de chaleur.

Pour que le phénomène d’incandescence, compagnon habituel d’une très haute température, puisse se manifester, il faut que la substance catalytique et réfractaire, — ici l’oxyde de cérium, — soit disséminée, en quantité très faible, sur un corps mauvais conducteur tel que l’oxyde de thorium. Le contact d’un bon conducteur abaisserait aussitôt la température du corps chaud. On sait que la feuille de papier appliquée contre une plaque de métal ne peut plus prendre feu à l’approche de l’allumette ; que la flamme du gaz est arrêtée par une toile métallique ; qu’elle se refroidit et s’éteint en touchant une paroi conductrice, et que c’est pour cela que l’inflammation se propage si difficilement à l’intérieur des tubes de métal. Dans le manchon Auer, d’après M. Bunte, l’oxyde de thorium joue le rôle d’un support mauvais conducteur, divisé en des milliards de filamens isolans qui ont pris la place des libres du coton. A leur surface, se trouve étalée une couche infiniment mince d’oxyde de cérium, doué du pouvoir catalytique et du pouvoir conducteur. Ce revêtement sans épaisseur, porté à 1300° dans la flamme Bunsen, condense le mélange oxygène-hydrogène, en favorise la combinaison, et, par suite, se trouve amené à une très haute température, supérieure à 2 000°. Il devient donc incandescent et acquiert un éclat incomparable.

Il ne faut point dire, avec quelques auteurs, que la propriété spéciale des terres rares et des substances similaires est de devenir incandescentes à basse température. L’incandescence reste l’attribut des températures très élevées. Ces corps privilégiés ont seulement la faculté de donner naissance à un échauffement local, dont l’effet, s’il n’est dissipé par conduction, se traduit par une vive émission de lumière. On peut comprendre, d’après cela, la direction des recherches nouvelles destinées à améliorer et à perfectionner encore l’éclairage par incandescence. L’élévation de température étant la cause de l’éclat lumineux, les moyens d’accroître la chaleur seront en même temps des moyens d’exalter l’incandescence. L’afflux de l’oxygène comburant, son échauffement préalable, le dosage exact des gaz à combiner, leur