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REVUE SCIENTIFIQUE

L’ÉCLAIRAGE A L’INCANDESCENCE PAR LE GAZ

Les perfectionnemens de l’éclairage public et privé ont été extrêmement rapides de notre temps. Le gaz et l’électricité règnent aujourd’hui partout, au dehors comme à l’intérieur de nos habitations, et y répandent la lumière à profusion. Entre ces agens rivaux, une sorte de concurrence ou de lutte industrielle s’est établie dès le début, dont les péripéties n’ont pas été sans intérêt. Avec l’invention des générateurs magnéto-électriques et des accumulateurs, avec les améliorations des lampes à arc, avec la découverte, enfin, de la lampe à incandescence d’Edison, l’avantage semblait définitivement acquis à l’électricité. La cause du gaz paraissait perdue : on voyait le moment prochain où il n’aurait plus d’emploi que comme moyen de chauffage. — Tel était l’état des choses vers l’année 1885. C’est alors que l’invention, par Auer von Welsbach, de l’éclairage par incandescence, vint changer la face des affaires. Ce fut un revirement de fortune. En coiffant la flamme du gaz d’une sorte de capuchon en treillis léger, formé de substances rares telles que les oxydes de lanthane, de zirconium, de cérium et de thorium, le savant autrichien avait réussi à accroître, dans des proportions énormes, son pouvoir éclairant et à lui donner un éclat comparable à celui de l’électricité. Le succès industriel fut considérable. Le gaz de houille conserva ses positions menacées ; il regagna même le terrain perdu et prit une extension nouvelle sur les voies publiques et dans les intérieurs domestiques. Mais il était écrit qu’il ne jouirait plus désormais d’une possession tranquille. L’apparition du gaz d’eau et celle, plus récente, de l’acétylène sont venues lui causer de nouvelles alarmes.