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SOUVENIRS
DE LA
NOUVELLE-GRENADE

III.[1]
SANTA-MARIA, CARTHAGÈNE


I

Après neuf mois de caravanes ininterrompues, de chevauchées et de navigations dont je n’ai prétendu noter en ces pages que trois épisodes, je redescendais ce grand fleuve, ce Magdalena roulant maintenant à pleins bords, grossi de l’hiver recommencé, de toutes les pluies jetées dans son cours. Et il roulait aussi, en se hâtant vers la mer, comme la notion même du temps oublié ; l’impatience du voyageur, subitement retrouvée, se mêlait à la sienne. Son cours, tourné vers le Nord, indiquait par extension les régions plus froides, l’Europe si longtemps absente.

Pourtant, l’on a beau être un touriste pressé, se sentir dans les moelles tous les effluves électriques du vieux monde, rien ne saurait vous absoudre de quitter la Colombie sans une visite à ces deux villes littorales peu distantes, sœurs par l’histoire et des plus anciennes entre toutes celles du Sud-Amérique : j’ai dit

  1. Voyez la Revue des 15 novembre et 15 décembre 1900.