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mobilière et immobilière qui se développe au point d’avoir triplé depuis trente ans, péril économique et social sur lequel personne n’a le droit de fermer les yeux, il semble bien qu’en définitive, il y ait un épouvantail plutôt fait pour servir des haines que pour servir la vérité.


IX

Ce qui n’est point simplement un épouvantail, ce qui peut devenir la plus triste des réalités, ce sont les conséquences de l’œuvre de destruction poursuivie, si elle venait à aboutir. Œuvre de destruction, j’ai déjà justifié ce terme et j’en maintiens la rigoureuse exactitude.

Les associations dont les membres vivent en commun doivent être autorisées par une loi. Les associations existantes au moment de la promulgation de la loi et qui n’auraient pas été autorisées ou reconnues devront l’être dans un délai de six mois ; les congrégations qui n’auront pas obtenu le bénéfice de l’autorisation légale devront disparaître ; c’est la mort décrétée, et c’est bien la mort que l’on veut. Mais, alors, on a prévu les suites de l’événement préparé et l’on est prêt à y pourvoir.

Parmi les congrégations destinées à disparaître, il y en a qui prêchent : eh bien ! elles ne prêcheront plus, et le mal ne sera pas si grand ; n’y a-t-il pas, pour enseigner le peuple, le clergé des paroisses ? — De ce côté, le mal sera plus grand qu’on ne pense : le clergé des paroisses, quel que soit son zèle, ne suffit pas à sa tâche, et il a toujours eu recours, pour l’aidera la remplir, aux précieux auxiliaires trouvés parmi les membres des congrégations ; eux disparus, c’est l’œuvre sacerdotale par excellence, c’est-à-dire la prédication des vérités religieuses, qui souffrira. Je m’arrête sur cette considération ; je me contente d’indiquer ce résultat, m’apercevant que cela suffit pour ceux dont la haine n’obscurcit pas le jugement, que cela, pour les autres, est de nature à les réjouir. Je ne tiens pas à leur procurer cette joie plus qu’il ne convient.

Il y a les congrégations qui enseignent : eh bien ! elles n’enseigneront plus ; nos maîtres enseigneront à leur place, et ce sera tout profit. — Que l’on trouve tout profit à fermer certaines maisons pour combler le vide des autres, qui en pourrait douter ? Que l’on ait un trop-plein de maîtres dont il serait agréable de