Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 1.djvu/341

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à 3 1/2 pour 100 l’an. Les dépenses de premier établissement de ces entreprises ont été aussi élevées : on estime qu’au cours des deux années 1899 et 1900 elles dépasseront, pour les vingt et une principales compagnies, 800 millions de francs, lesquels, au taux de 4 pour 100, représentent une charge annuelle d’environ 32 millions. D’autre part, on critique la gestion financière de beaucoup de ces compagnies. Les douze principales d’entre, elles avaient, au 30 juin 1900, environ 350 millions à payer, tant pour dividendes que pour intérêts sur obligations : elles n’avaient, pour y faire face, que moins de 200 millions d’encaisse ; elles devaient en même temps à leurs banquiers près de 150 millions, si bien qu’en réalité c’était 300 millions dont elles étaient à découvert. Le portefeuille des grandes banques anglaises ou de quelques-unes d’entre elles a inspiré des réflexions chagrines à certains de nos confrères d’outre-Manche, qui n’approuvent pas toujours la politique suivie par ces établissemens. On entend des plaintes toutes nouvelles sur les retards de la Trésorerie à acquitter ses engagemens et la nécessité où elle est de vivre d’emprunts à la Banque d’Angleterre. L’Investor’s Review s’écriait le 20 octobre 1900 : « . Tous les paiemens sont en retard, non seulement la pauvre solde des combattans, mais les factures des fournisseurs ; il devient de plus en plus difficile d’obtenir de l’argent de la Trésorerie, et cela par la simple raison qu’elle n’en a pas. » En face de dépenses engagées pour 1 250 millions, le gouvernement n’a pas 400 millions de disponibilités, consistant en bons du Trésor à émettre et en versemens à encaisser sur l’emprunt de 750 millions (le Khaki loan du printemps 1900). »

La même revue écrivait déjà au mois de septembre dernier : « Nous avons à considérer l’héritage économique que nous léguera la guerre, héritage qui sera assez douloureux en d’autres sens pour que nous n’ayons pas à parler de la difficulté plus grande que des millions d’hommes éprouveront à gagner de quoi vivre. Nous aurons, avant la fin de l’année, un accroissement de la dette publique, de nouvelles complications sur le marché monétaire de Londres, en même temps qu’une diminution d’occupation pour les salariés dans plus d’une branche importante d’industrie. Il se pourra qu’il l’aille réduire, faute d’argent, les monstrueuses dépenses que le gouvernement l’ait en matériel et approvisionnemens de guerre, depuis les cuirassés jusqu’aux chariots destinés aux déserts africains et jusqu’aux armes