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de coutume. Dans la première quinzaine de janvier, le taux d’escompte de la Banque d’Angleterre fut ramené à 5 à 4 avant la fin du même mois, et à 3 vers la fin du semestre ; il a été relevé à 4, au mois de juillet, et est, depuis lors, resté à ce niveau : la moyenne du taux de l’année 1900 a été supérieure à celle de ses devancières, bien que 3,25 pour 100, moyenne de 1898, et 3,73 pour 100, moyenne de 1899, constituassent déjà des taux très hauts par rapport à l’époque précédente.

La période de fièvre industrielle qui avait sévi sur les marchés allemand et français paraissant se calmer, il convient désormais de considérer séparément le marché de Londres et ceux de Berlin, de Paris, de New-York, de Bruxelles, etc., non pas que tous ne soient solidaires et qu’aucun de ceux que nous avons cités en seconde ligne puisse se flatter du pouvoir rester insensible à ce qui se passe sur le premier ; mais Petiot produit sur les places de la Grande-Bretagne est plus direct et plus fort que sur les autres. Celles-ci commencent à sortir de la crise d’expansion qu’elles ont traversée récemment ; le loyer des capitaux est moins élevé à Berlin et à Paris qu’il y a un an et semble avoir une tendance à y décroître ; en tout cas, il n’est pas probable que ces deux marchés revoient des taux aussi élevés que ceux qu’ils avaient connus à la fin de 1889. A Londres, au contraire, on doit s’attendre à une allure différente, ne fût-ce qu’à cause des besoins d’argent du gouvernement, que nous avons tout à l’heure essayé de chiffrer. La dette anglaise, une fois la paix rétablie, aura peut-être été augmentée de deux à trois milliards, somme presque égale à, colle des économies accumulées pendant 20 ans dans les caisses d’épargne postales du Royaume-Uni.

De nouveaux appels vont être adressés au marché de Londres, de nouveaux emprunts seront émis, et le seront sans doute à des cours inférieurs au dernier, qui fut un 2,75 pour 100, souscrit à 98 et demi. Si riche que soit la Grande-Bretagne, elle n’a pas un chiffre illimité de disponibilités : le concours américain qu’elle a dû réclamer, pour une émission relativement faible de bons du Trésor, l’a démontré, il devra en résulter le maintien de taux élevés, une rareté relative de capitaux. Mais ailleurs les phénomènes ne seront pas les mêmes, à, moins que les affaires de Chine, s’aggravant et se prolongeant, ne mettent à contribution tous les grands marchés, en imposant de lourdes charges aux puissances qui ont envoyé des escadres et des troupes