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suivantes : « Il me paraît résulter clairement des déclarations qui m’ont été faites par Mgr Czacki que le Saint-Père désire très vivement l’évêque de Poitiers ; qu’il nous fait, dans le dessein de le nommer cardinal de couronne, la concession du septième chapeau, mais qu’il est résolu à ne pas aller plus loin. Une grande illustration personnelle, comme l’eût été Mgr Dupanloup, lui aurait seule permis d’oublier, pour la première promotion de cardinaux accomplie sous son pontificat, le souvenir de l’ancienne minorité du Concile.

« Aujourd’hui, le Saint-Père ne voit pas de motifs pour justifier une concession qui, dans sa pensée, mécontenterait la grande majorité du Sacré Collège, avec laquelle il doit compter, et celle de l’épiscopat. Un septième chapeau accordé à la France ne peut manquer de provoquer quelques observations et quelques compétitions de la part des puissances étrangères. Le Saint-Père ne craint pas de les affronter, mais, si elles revêtaient une couleur doctrinale, je craindrais que nous n’arrivions à un conflit avec le Saint-Siège, que nous devons tout faire pour éviter. Il semblerait donc préférable de ne pas insister et de choisir un des noms que le Saint-Père a désignés lui-même. Le précédent une fois créé, nous n’aurions plus qu’à le maintenir, lorsqu’une vacance nouvelle se produira parmi nos cardinaux. »

Ces déclarations furent confirmées, officiellement cette fois, par le cardinal secrétaire d’Etat. Jusque-là, elles n’avaient été qu’officieuses et étaient demeurées secrètes entre Mgr Czacki et moi. Le cardinal me répéta presque dans les mêmes termes les paroles du substitut de la secrétairerie d’Etat, et je m’empressai de les transmettre à Paris par un télégramme du 3 janvier. Ne recevant pas de réponse, par suite de la crise gouvernementale que le renouvellement de la moitié du Sénat allait provoquer en France, j’insistai auprès de M. Waddington dans une lettre particulière que je lui écrivis le 9 janvier. Évidemment le ministère, tout en étant flatté de la proposition du Saint-Père, hésitait à sanctionner par une décision gouvernementale française le point de vue doctrinal romain, qui s’était trouvé incidemment môle à la question. Mais, d’autre part, il était certain que, si la proposition du Saint-Siège n’était pas acceptée avec le mode d’élection que j’étais parvenu à y introduire, le Vatican en aurait conclu que nous renoncions à la proposition qui nous avait été faite.

Le Sacré Collège, sans être arrivé au plenum de soixante-dix