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et un travail personnel avec Sa Sainteté. Leurs attributions sont donc fort importantes en elles-mêmes. Elles le deviennent encore davantage, le jour où, réunis en conclave, ils ont à procéder à l’élection d’un nouveau Pape. Mais les gouvernemens étrangers, qui ont toujours tenu à grand honneur d’avoir plusieurs de leurs représentans au sein du Sacré Collège, n’ont pas de droit positif à ces nomination, qui leur échappent, parce qu’elles ne s’appliquent pas à une juridiction déterminée sur les catholiques de leur propre pays. Il y a bien un usage traditionnel qui leur permet de réclamer ces faveurs et ils ne s’en privent pas ; le chiffre même des candidats est à peu près fixé pour chacune des puissances catholiques ; mais de droit strict, aucune n’en a, et par suite, à la grande différence des évêques, le pouvoir civil ne peut que proposer au Souverain Pontife ceux qu’il désire voir élever à la dignité cardinalice, sans pouvoir se formaliser, en cas de refus de sa part. C’est toujours une marque de bienveillance et de bonne grâce du Saint-Siège pour le gouvernement étranger. C’est un ami nouveau qu’il reçoit, s’il le veut bien, des mains d’une puissance catholique ; mais, s’il n’accepte pas sa candidature, il ne laisse point un diocèse ou un ecclésiastique en souffrance, comme il arriverait, lorsqu’il se croit obligé, en conscience, de refuser l’institution canonique à un évêque nommé par le pouvoir civil.

Il s’ensuit que, lorsque le gouvernement demande un cardinal au Saint-Siège, ce n’est jamais que sous forme de proposition que cette demande est faite, et il n’y a pas de nomination sans l’accord parfait des deux côtés. La question se traite toujours à Rome par l’intermédiaire des ambassadeurs et jamais par celui des nonciatures, qui n’y sont pas mêlées. — Lorsque l’accord est établi sur un nom, le chef de l’Etat écrit alors au Pape une lettre autographe pour demander officiellement la nomination du candidat déjà accepté en principe, à la suite des négociations antérieures. Le Saint-Père envoie alors sa réponse d’assentiment officiel, et le biglietto de la secrétairerie d’Etat est adressé au nouveau cardinal pour lui faire part de sa nomination. Les autres formalités, départ de l’ablégat porteur de la barrette, remise de la barrette par le chef de l’Etat, sont connues. Je n’ai pas à les rappeler ici.

Voilà quel est l’usage constant ; mais il y a un cas qui se présente assez rarement : c’est celui où le-Saint-Père, désirant