en a vu, plus haut, des exemples depuis les Germains de Tacite jusqu’aux Indiens des temps de la découverte de l’Amérique. On en trouve ici une nouvelle preuve. Les gisemens de Taodenit ou plutôt de Taraze ont appartenu alternativement aux sultans du Maroc et aux chefs de l’empire sonrhaï établis à Tombouctou : aujourd’hui, ils sont aux mains des Maures indépendans.
Le commerce du sel de Taodenit et de la Sehkha-el-Khadera fournit d’importantes ressources au budget du Soudan. Le gouvernement d’Ahmadou, auquel nous nous sommes substitués, avait habitué les Maures au paiement d’une redevance. Les caravanes acquittaient une taxe ou droit de circulation, qui s’appelait l’oussourou. Nous avons gardé l’oussourou. Sans en changer la quotité, nous en avons régularisé la perception et nous l’avons facilitée.
L’oussourou est une dîme. Les caravanes doivent le dixième des marchandises qu’elles transportent. Elles donnent une barre de sel sur dix. Des postes de perception sont installés le long de la frontière, dans les villages où aboutissent les routes du Sahel. Les chefs de caravane, après avoir acquitté le droit de douane, reçoivent un laisser-passez qui les garantit contre toute nouvelle exigence. Sous le régime que nous avons remplacé cette garantie n’existait pas : les convoyeurs étaient exposés à toutes sortes d’exactions de la part des sofas et des chefs toucouleurs, et, en définitive, comme le dit M. Coppolani, les caravanes ne circulaient qu’à force de cadeaux.
La plupart des explorateurs avec qui l’on trouve à s’entretenir de ces gisemens de sel de Taodenit, de Taraze, de la Sebkha-el-Khadera ou de Bilma et Agadès, sont persuadés qu’ils ont leur origine dans un dépôt marin. Ce seraient les restes d’une ancienne mer desséchée qui aurait couvert le Sahara. Mais il y a longtemps que les géologues ont fait justice de la mer saharienne. Il leur a suffi pour dissiper cette légende de constater l’altitude de ces dépôts, bien supérieure au niveau d’aucune mer ancienne ou actuelle. D’ailleurs le Sahara n’est pas une formation homogène : il fournit des types des époques géologiques les plus diverses, depuis les terrains primitifs que la mission Foureau a