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LE SEL

LE BESOIN PHYSIOLOGIQUE DU SEL. — LE SEL DU SAHARA


Le sel est une denrée universelle. Son usage semble avoir été de tous les lieux, de tous les temps et de toutes les civilisations ; il faut y regarder de très près pour trouver des exceptions à cette règle. C’est le même sel qui, aujourd’hui, assaisonne la misérable pitance du nègre soudanien et les mets recherchés des tables européennes. Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire, on trouve qu’il est l’objet de la même prédilection. Les Juifs l’offrent à Jéhovah avec les prémices des moissons et les fruits de la terre ; Homère le qualifie de divin et le fait figurer aux repas de ses héros ; Tacite relate les guerres furieuses que se livraient les tribus germaniques pour la possession des sources salées voisines de leurs territoires.

Les hommes, en définitive, n’ont reculé devant aucun effort, aucun sacrifice ou aucun danger pour se procurer cette précieuse substance. Ils l’ont demandée à la guerre, à la fraude, à la fatigue de longs voyages ; des populations très arriérées ont déployé une ingéniosité remarquable pour se le procurer ; et, par exemple, les indigènes des îles de la Sonde ont créé une sorte d’industrie chimique rudimentaire pour l’extraire de la boue des palétuviers. Mungo Parle a vu les habitans de la côte de Sierra Leone donner tout ce qu’ils possédaient, et jusqu’à leurs femmes et leurs enfans, pour en obtenir. C’est, en somme, un objet de